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journal de prison, réécriture de l'histoire du Tchécoslovaque

journal de prison : réécriture de "l'histoire du Tchécoslovaque"
 


réécriture


classe de Seconde 3, Lycée  Français de Barcelone

Des années après la fin de L’Étranger, un prisonnier occupe la même cellule que Meursault.   Entre « son » lit et « sa » paillasse, il trouve  un morceau de vieux journal qui rend compte du procès de celui-ci. 

Comme dans L'Étranger, vous commencerez par : " Entre ma paillasse et la planche de mon lit, j’ai trouvé un vieil article de journal..."

 (Récit à la première personne, temps de base : le passé composé.)

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auteurs:
Antoine Bourbon
Camille Defillon
Paula Alonso
Andrea de Miguel

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Dimanche 24 Janvier
 
   Entre ma paillasse et la planche de mon lit, j’ai trouvé un vieil article de journal, jauni et craquelé par les années. Le vieux morceau de journal avait été soigneusement dissimulé sous la paillasse. J’ai mis un certains temps à m’y intéresser. J’en ai d’abord fait un avion qui a voleté un peu, et est venu se poser à mes pieds. J’ai donc fini par le prendre et le lire. J’ai tout d’abord pensé que ledit article datait de plusieurs dizaines d’années, vu son aspect vieux et abîmé, mais en fait il ne date pas de si longtemps, quelques années, à peine.
    L’article parle d’un jeune homme, Mr Meursault, qui a été condamné à mort par la justice et qui a donc été exécuté. En lisant le morceau de journal, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une farce, que l’article était fictif, mais en relisant attentivement j’ai dû croire cette histoire invraisemblable.
    D’après le papier, Meursault était un jeune homme blanc, né à Alger. Il n’était pas marié, il n’avait pas d’enfants et portait le deuil de la mère qu’il avait récemment perdue. Il avait tué un jeune Arabe, avec qui un de ses amis avait apparemment eu une dispute auparavant. Mais l’article que j’ai trouvé est écrit de telle sorte qu’il semble que le meurtre lui même soit excusé. Cet article critique directement Mr Meursault de ne pas avoir montré de sentiments de peine lors de l’enterrement de sa mère, et d’après l’auteur de l’article et, certainement d’après l’opinion générale de  l’époque, ceci était plus grave que les quatre balles tirées sur l’Arabe. L’auteur a effectivement détaillé toute la vie de Mr Meursault et a à peine insisté sur le moment du meurtre qu’il a commis.  Mr Meursault a donc été accusé de « parricide » car « il n’avait pas voulu voir sa mère, avait fumé, avait dormi et  avait pris du café au lait ». Dans cet article, le meurtre n’a donc presque aucune importance. Mr Meursault est traité « d’inhumain », et d’homme sans sentiments. Il était perçu ainsi par la société d’alors.
   Cependant, d’après ce morceau de journal, Mr Meursault ne se serait jamais défendu lors du jugement et n’aurait jamais rien contredit. Il aurait pu dire que l’Arabe était armé aussi. Il aurait pu prétendre une légitime défense mais il a de toutes façons été jugé sur la mort de sa mère et non pas sur le meurtre de l’Arabe. Alors peut-être cela, même si la société de l’époque aurait facilement pardonné un crime sur un Arabe de la part d’un blanc, ne lui aurait pas laissé la vie sauve. De plus, l’article m’a appris qu’il avait tiré plusieurs balles sur le corps inerte de la victime. Ce sont donc tous ces éléments qui font de lui un être « inhumain », et qui ont finalement convaincu le jury.
   Je trouve donc injuste, d’une certaine façon, la mort de Mr Meursault.
 
                                                                                                          Antoine Bourbon, 2d 3

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Alger, le 20 mai 1949
  
   Entre ma paillasse et mon lit, j’ai trouvé hier un morceau de vieux journal. Il manquait le début, ce qui m’a légèrement déçu.
   J’ai lu la première fois cette histoire étendu sur mon lit. Dehors, il faisait chaud et mon esprit a interprété de manière erronée les faits.
Ce journal racontait l’histoire d’un homme froid et distant : Meursault. Ce dernier n’avait pas pleuré à l’enterrement d’un proche. Je ne savais pas de qui il s’agissait réellement car il manquait le début. Cependant, je savais que cette personne était proche de Meursault car le tribunal s’attendait à ce qu’il soit triste.
   Après l’enterrement, Meursault s’était fait, en quelque sorte, ami avec son voisin, Raymond. Ce dernier était considéré comme un homme malsain, qui vivait des femmes. Raymond était violent avec son amante, alors le frère de celle-ci voulait la venger. Un jour, Meursault et Raymond avaient rencontré cet homme et ses amis. Inquiets, ils étaient revenus chez un ami de Raymond. Meursault, par hasard, avait décidé de ne pas rentrer tout de suite. Il était tombé nez à nez avec l’Arabe. Il l’avait tué de cinq coups de revolver et avait été condamné à mort.
   Voilà ce que j’avais compris à ma première lecture. Je n’avais pas accordé beaucoup d’importance à ce vieux morceau de journal jusqu’à ce que le soleil se couche et que la fraîcheur occupe la cellule.
   J’avais alors lu plus d’une dizaine de fois le récit. Etait-ce un devoir ou une envie ? Je ne sais pas. Je voulais, peut-être, juste prouver l’innocence de Meursault.
   A la onzième relecture, et alors que des frissons parcouraient mon corps, j’avais cru comprendre un peu mieux le condamné à mort.
   En réalité, Meursault n’était pas une personne froide, ni distante. Ce qui m’a permis de comprendre cela étaient les discrets sous-entendus qu’avait laissé le journaliste pour nous aider à innocenter Meursault.
   Cet homme était simplement bizarre aux yeux de ce monde. Il était en quelque sorte étranger à cette société :
   Il n’avait pas pleuré à l’enterrement de sa mère mais il l’aimait pourtant ! Il ne le montrait pas de la manière dont la société le demandait. Il n’avait pas joué le jeu et il avait raison : il ne faut jamais jouer.
   Certes, il avait tué un homme mais il ne l’avait pas réellement voulu : il n’avait pas désiré se débarrasser de l’Arabe, juste du soleil. C’était lui son véritable ennemi.
    Je m’étais forcé à croire en l’innocence de Meursault et ce n’est que vers minuit que j’avais compris.
   Oui, j’avais compris que moi aussi, j’étais semblable à Meursault. Et que le triste futur qui m’attendait n’était qu’une pâle reproduction de ce qui lui était arrivé.
   Oui, je savais et j’acceptais enfin ce qui m’attendrait lorsque le soleil se lèverait sur Alger.
Mon reflet avait toujours été flou à mes yeux, tant je ne me comprenais pas moi-même. Cependant, aujourd’hui, je savais qui j’étais et à quoi j’aspirais. En ce jour, je savais aussi que j’avais ma place dans ce monde que j’allais bientôt quitter.
   Alors que je me détendais en lisant une dernière fois l’histoire de mon alter ego, le soleil se levait peu à peu, m’adressant un rapide « au revoir ».
   Mes yeux sont restés fermés un rapide instant, laissant mon être se remplir de fierté. Oui, j’étais fier d’avoir élucidé le « mystère Meursault ».
   Désormais, il est l’heure. J’entends au loin des pas qui annoncent mon départ de ce monde que j’avais toujours considéré comme incompréhensible, mon départ de ce monde où je m’étais senti comme un étranger.

                                                                                            
                                                                                              Camille Defillon, 2d 3
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    Entre ma paillasse et la planche de mon lit, j’ai trouvé un vieux journal qui datait de quelques années auparavant. Le papier avait jauni et j’avais du mal à le lire.
      Une des pages m’a surpris, ce n’était pas un article, c’était la publication d’un journal intime. On y avait précisé qu’il avait été écrit par un homme exécuté, accusé d’assassiner un Arabe.
   J’ai commencé à lire. Aucune date n’était précisée et, étrangement, le récit commençait par : « Aujourd’hui maman est morte ». L’écrivain expliquait en détail comment il avait su que sa mère était décédée et son voyage à l’asile où elle vivait.
J’ai décidé de sauter les premières lignes parce que le narrateur expliquait comment s’était passée la veillée funèbre, l’enterrement de sa mère et son retour à Alger et cela m’ennuyait un peu.
   Malgré le froid d’hiver qui entrait dans ma cellule, j’avais chaud en lisant les diverses descriptions du climat d’été en Alger, à la plage.
   Meursault fréquentait une femme appelée Marie. D’après le journal, il ne savait pas ce qu’était l’amour puisqu’il faisait des remarques, en montrant constamment son indifférence et sa passivité envers les désirs de mariage et les plans de futur de Marie, ou même en revivant la mort de sa mère.
   Il connaissait à peine ses deux voisins de palier, « le vieux Salamano » et Raymond. Ce dernier « vivait des femmes » et frappait sa femme. D’après quelques descriptions c’était un homme assez violent. Meursault, indifférent, aidait son voisin à mentir et à envoyer une fausse lettre à l’épouse battue.
   Les jours d’été, il allait avec Marie à la plage.
   Un jour, il avait décidé d’y aller avec sa femme et Raymond, son voisin. Les problèmes avaient commencé ce jour-là.
  Il décrivait la situation où il se trouvait comme une situation que j’ai pu comparer à l’enfer, à l’apocalypse…
Meursault avait tué un Arabe, pour défendre Raymond, pour avoir une place à l’ombre et, selon ce qu’il avait écrit, parce que la gâchette du revolver avait cédé.
  La deuxième moitié du journal racontait la vie de Meursault en prison.
   Il faisait comme moi, dormir, penser, manger peu…
   Je n’ai pu éviter de sourire quand il expliquait la réaction du juge d’instruction devant ses remarques ou son athéisme.
   Il avait l’air surpris quand son avocat lui demandait de mentir, et cela, je pense, avait dû être la cause de sa condamnation à mort.
   J’ai fini par conclure que Meursault avait été une personne exceptionnelle, très intelligente mais indifférente à ce monde compliqué.
  L’histoire de cet homme m’a rappelé une citation d’un vieil auteur qui parlait d’un personnage qu’il avait inventé dans son livre le plus connu : « C’est un héros qui est mort pour la vérité. »
 
                                                                                       Paula Alonso,  2d 3, Barcelone
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Jeudi 24 Juillet 1944
 
                Aujourd’hui, comme les jours précédents, j’ai dû dormir pendant treize heures et rester encore deux heures de plus couché à plat ventre sur mon lit. Quand je me suis levé de ce lit, j’ai eu mal au cou, comme si quelqu’un avait remplacé les vertèbres de ma colonne vertébrale par un tube rigide, qui ne me permettait pas de bouger mon cou à l’aise.
                Après avoir fait mes besoins naturels, je me suis recouché et j’ai laissé ma main hors du lit, entre ma paillasse et le lit. Comme je n’arrivais pas à m’endormir encore une fois, j’ai bougé ma main pendue : c’est à ce moment là que j’ai frôlé quelque chose du doigt. J’ai pris ce que c’était : ma main tenait un morceau de journal très vieux, il avait même jauni à cause du temps qui s’était passé. C’était un article de journal, d’une dimension considérable pour avoir être écrit en été, l’époque où les journalistes se transforment en rapaces pour ainsi obtenir des exclusives qui seraient après oubliées à jamais.

                L’article de journal datait d’il y avait une dizaine d’années. Il relatait un fait qui avait dû se passer ici, à Alger, l’endroit où j’étais prisonnier maintenant. Cela parlait d’un homme qui vivait à Alger depuis longtemps. Cet homme, Meursault, travaillait pour subvenir à ses besoins, pour survivre. Je pouvais comprendre donc que Meursault n’était pas quelqu’un d’enthousiaste.
                Un jour, Meursault avait reçu la nouvelle disant que sa mère était morte. Il était parti à son enterrement, à Marengo, à quelques kilomètres d’ici. Dans cet événement si tragique, il n’avait même pas parlé ni versé quelques larmes pour sa mère, il s’était limité à s’asseoir sur une chaise et à regarder comment le reste des personnes qui avaient assisté à cet enterrement pleuraient. Il avait même fumé. Je me suis demandé si Meursault était traumatisé ou si,  seulement, il ne comprenait pas les sentiments. Si c’était qu’il ne comprenait pas les sentiments, Meursault avait dû se sentir très seul, étranger dans l’enterrement de sa mère.
                Après ce jour tragique, Meursault avait rencontré une petite amie, juste le jour suivant de l’enterrement de sa mère. Il avait aidé son ami et voisin Raymond à se débarrasser d’un gros problème : sa femme ne lui obéissait pas comme elle aurait dû et il l’avait brutalisée pour qu’elle comprenne. Meursault avait bien voulu aider Raymond en écrivant une lettre pour témoigner en sa faveur. Ici je me suis rendu compte que Meursault n’était pas quelqu’un d’ignorant. Si Raymond lui avait demandé d’écrire cette lettre, cela voulait dire que Meursault savait bien s’exprimer par écrit, il avait peut-être étudié de la philologie ou des lettres. Raymond, pour remercier Meursault de ce qu’il avait fait pour lui, l’avait invité à un cabanon près de la plage avec Marie, sa petite amie.
                Une fois dans ce cabanon, Raymond s’était  bagarré avec un Arabe : l’Arabe lui avait donné un gros coup de poing en plein nez et il était parti tout de suite après. Après manger, Raymond et Meursault étaient partis se promener sur la plage. Ils étaient arrivés près d’une source et ils avaient retrouvé là-bas l’Arabe.
                Selon le témoignage de Meursault, le soleil avait tué le malheureux Arabe : quand celui-ci avait montré son couteau, le soleil s’était reflété sur cet objet de Meursault. Il avait déclaré que le soleil avait lancé un sortilège sur lui : il avait plein de sueur sur son visage, il avait été aveuglé par le soleil. Il avait pris son revolver et il avait tiré une fois sur l’Arabe, qui était allié du soleil. Une fois que le sortilège avait été dissipé, Meursault avait tiré quatre fois de plus.

                Selon la justice, Meursault avait été accusé de meurtre et pas d’assassinat : le fait qu’il ait tiré quatre fois de plus sur un Arabe déjà mort avait été un des arguments donnés par la cour le jour du procès. J’ai cru que Meursault n’avait pas été conscient de son premier tir et donc qu’il avait retiré sur l’Arabe pour montrer que c’était bien lui et pas le soleil qui avait tué cet Arabe. Or la justice avait traité Meursault  de parricide aussi : lors du procès, le procureur lui avait demandé l’âge de sa mère. Meursault ne le savait pas. Le procureur s’était servi de cette déclaration pour accuser Meursault du meurtre de sa mère aussi. Meursault n’avait rien dit pendant le procès. J’ai pensé que Meursault avait été étranger ici aussi à son propre procès : le procès aurait bien pu se dérouler sans lui sur le banc des accusés. S’il y était, ce n’était que pour aggraver son cas.
                Mais avant tout ce procès, Meursault avait été enfermé en prison. L’avocat venait dans sa cellule pour pouvoir le sauver de la peine de mort. Meursault ne devait que dire un petit mensonge. Or il n’avait pas voulu mentir à la justice et il avait même aidé Raymond, car il n’y avait rien de faux dans ce qu’il avait dit à son ami.
                De toutes façons, le verdict de la cour avait été “coupable” et en plus, de deux meurtres: celui de l’Arabe, ainsi que celui de sa mère. J’ai pensé que Meursault était innocent du meurtre de sa mère : le fait qu’il ne sache pas l’âge de sa mère était bizarre, mais il avait quand même le droit de ne pas le savoir.
                Le jour de sa condamnation à mort, il avait reçu la visite de l’aumônier, même s’il n’était pas chrétien. Or il n’avait pas voulu qu’il entre dans sa cellule. Meursault était athée, il connaissait la religion mais il n’y croyait pas.

                Dans les dernières heures de sa vie, j’ai cru voir que Meursault comprenait enfin le monde, les sentiments, comme si être proche de la mort lui faisait voir la vie d’un autre point de vue. Il était peut-être trop tard, mais il avait quand même réussi à connaitre et comprendre la vie humaine avant de mourir.
                Après avoir lu ceci, j’ai conclu que mon cas n’avait rien à voir avec cette histoire invraisemblable, mais d’un autre côté, naturelle. J’ai laissé ce vieux morceau de journal  là où il était placé avant et je n’ai plus jamais osé y toucher.
 
                                                Andrea  De Miguel, 2d 3
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