ODES à la manière de PABLO NERUDA
PASTICHES DES ODES DE PABLO NERUDA
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AUTEURS 4ème 8 :
Pía González Ode au cheval
Inés Aguilar Ode à la feuille
Ode au cheval
Mon bel étalon
tous muscles tendus,
la robe baie,
soyeuse,
la queue en panache,
crinière au vent,
naseaux dilatés,
oreilles à l’écoute,
je te regarde galoper dans la plaine.
Plus belle conquête de l’homme,
ta noblesse,
ta bravoure,
ta fidélité sans faille,
nous sauvent depuis des siècles.
Fort comme le bœuf,
rêveur comme le poète,
joueur comme le chiot,
jadis libre comme
l’oiseau dans le ciel,
libre comme l’amour d’aujourd’hui,
on t’a séparé des tiens.
Tenu en captivité,
on a dompté ton caractère
à coups de fouet
à la pointe des éperons.
Tu piaffes,
tu souffles,
tu fais des croupades
mais tu te plies,
tu te soumets,
tu obéis.
Tu as des travers,
tu as ton caractère,
tes mauvais jours,
comme nous.
On te pardonne
car tu souffres pour nous
tu te bats pour nous
tu as voyagé pour nous
tu t’es répandu dans le monde
sans trouver ton idéal.
On te met une bride sur la tête,
un mors entre les dents
une selle sur le dos
puis un cavalier
Parfois lourd
Parfois violent
Parfois imprudent.
Et toi,
bon compagnon
tu te plies à nos caprices.
Même si tu te butes parfois,
tu te dérobes,
ou tu refuses l’obstacle,
le poignet bien fermé te fait baisser la tête,
le mollet ferme finit par t’incurver.
Tu es là.
Tout près de moi.
Tu me protèges,
tu me rassures,
et tu m’accompagnes.
Tu es doux,
tu es différent des hommes,
tu ne blesses pas les âmes.
Je te regarde galoper au loin,
naseaux gonflés,
crinière au vent,
j’entends tes sabots.
Ton galop désuni
ton galop rassemblé
ton galop allongé
ton galop cadencé
ton galop à trois temps,
comme le métronome du pianiste:
Postérieur droit,
Bipède diagonal droit,
Antérieur gauche,
Projection.
Tu t’éloignes
Tu disparais à l’horizon
à ton allure rythmée
joyeuse.
Puis tu reviens,
tu hennis pour prévenir tes compagnons.
Tu es beau mon cheval.
Tu es magnifique.
Tes belles balzanes haut-chaussées
te donnent des airs de roi.
L’étoile peinte sur ton front
rappelle un rêve inachevé.
Ton cœur est d’or
Et demain encore
je compterai sur toi pour m’aider à gagner.
Tapis de selle immaculé,
bride et selle lustrées,
sabots goudronnés,
crinière et queue tressées,
je t’emmènerai te mesurer à tes frères.
Je sais que tu sens
mon excitation
mon envie de victoire.
Demain, ensemble
nous ferons le galop d’honneur,
la coupe à la main
une dernière fois tu salueras le public
en hennissant gaiement,
l’allure fière.
Et tu oublieras ton envie de liberté
En me rendant la mienne.
Pia Gonzalez Ponce-Benavides
ODE À LA FEUILLE
Tendre feuille
tu viens de naître
ton nez vert
ta fraîcheur
viennent d’apparaître
entre les bras morts
de ton père
si la douce et
létale
cape blanche
se retire à son royaume
de froid et de nuit
ne laissant aucune séquelle
pour te tuer.
Le soleil t’illumine
doux bourgeon
c’est ton réveil
au début du réveil
du beau temps.
Le premier jour
timide aspirante à feuille
tu retrouves
la rosée,
comme tout au long
de ta vie,
ces douces perles
d’eau argentée
qui te réveillent et te montrent
la beauté du matin.
Peu à peu
organe végétal
tu grandis
grâce au tout puissant
soleil
et à la pluie.
Tu fais partie
du feuillage
d’un arbre quelconque
heureux
de t’avoir
toi
tes sœurs
tes frères.
Expansion d’une tige
le soleil t’éclaire
laissant
tes nervures
exposées aux regards
des curieux.
Feuille,
tache verte
parmi les autres taches
du paysage
tu donnes de la vie
apportes ta touche
de couleur.
Limbe verte
bien définie
ta vie peut être pleine
d’aventures
tu portes du bonheur
du malheur
tu vis
tu meurt.
Ton destin te réserve
plein de surprises
tu peux finir
ô feuille
arrachée de ton
progéniteur
par une main innocente
voulant jouer,
finir loin de ta feuillée
volant dans les parcs
parmi les autres feuilles mortes
tes frères
tes sœurs
arrachés par le vent,
finir dans le laboratoire
jeune ou vieille
peu importe ton apparence
l’important :
avoir bourgeon
gaine
stipule
tous tes organes vitaux
étudiés par des
scientifiques
ou bien
finir comme un marque page
finir dans ce poème fini.
Inés Aguilar, 4ème 8, Barcelone, 2008