TÉLÉGRAMMES 2009 : pastiches de MICHAUX
PASTICHES DU TÉLÉGRAMME DE DAKAR de HENRI MICHAUX
AUTEURS, TOUS DE LA CLASSE DE 2d 3 :
Pol Sala Télégramme d'Atacama
Axel Galpy Cadran polaire
Fanny Hébrard Télégramme de Gobi
Clara Estefanell Télégramme de la voiture
Renaud Dubreuil Télégramme de la ville
TÉLÉGRAMME D’ATACAMA
Dans le blanc, le jour,
tout le monde essaye de l’éviter.
Soleil, Soleil,
Soleil,
On regarde le Soleil sans pouvoir rien faire.
Soleil, beaucoup de Soleil
soleil,
même trop de Soleil, rien d’étrange,
Soleil, Soleil.
Dans le blanc, le jour,
sous le soleil d’Atacama puissant, destructif, mortel,
impossible d’éviter ses rayons qui conduisent vers un destin fatal,
toujours ici, le vent n’aide pas, il se cache du soleil,
immobile sur nos têtes jusqu’à atteindre son objectif, notre mort.
Impuissance !
Impuissance contre le soleil !
Impuissance pour pouvoir trouver de l’eau !
Personnes avalées par la chaleur
Personnes qui ne sont plus des personnes
Un autre regard sur l’infini ardent d’Atacama : Soleil
Soleil soleil soleil
Le désert d’Atacama est dominé par le Soleil !
Grand observateur du Chili.
Le soleil entoure notre figure sans faire de bruit.
Toujours là, icône de tout désert.
Les gens du désert ont peur
Soleil.
Village
Sud-américains
Sud-américains habitués à te combattre pendant le jour
Sud-américains habitués à te chercher pendant la nuit
On parle avec eux pour trouver de l’eau
les habitués répondent en « Kunza »
Visages touchés par l’intense chaleur suivie d’un froid jamais connu.
Village de visages touchés
village qui connaît tous les climats
village chaud
village froid
Soleil Soleil
Toujours là, sans rien dire
lumineux et chaud
étoile centrale du système solaire
de différente composition.
Si lointain et si proche.
Soleil
Soleil, Soleil, Soleil
Soleil qui sera là perpétuellement
qui se battra avec la lune pour être avec moi
Parfois la Lune essaye de le cacher,
éclipse.
À l’horizon tu te caches, lentement.
Blanc, rouge et maintenant Noir.
C’est le noir qui prend ta place jusqu’à ton retour.
Plus
plus
plus de Soleil
soleil
soleil
je t’attends,
soleil.
CADRAN POLAIRE
Dans le jour éternel, immortel
Animaux, traces sur la neige.
Glace, glace,
Glace
Désert de glace.
Glace gigantesque glace
Glace
Ici. Là, aussi,
Glace, glace.
Dans le jour éternel, immortel
Sous un ciel bleu sans nuages, limpide.
Vaste et blanche,
Sous chaleur écrasante,
Sans souvenir,
Souvent lointain,
Comme disparue suppliante est la glace.
Oubli !
Oubli de la ville !
Oubli du monde gris !
Ville
ville somnole
ville défile.
Dans l’horizon sauvegardé, blanc: glace
Glace, glace, glace
Les neiges en proie à la glace !
Immortelle. Esprit vaillant.
Refuge intemporel. Lisse sans fin.
Terres en pleurs.
Reflète progressivement comme miroir le ciel
Glace.
Ville
Etendue
Vaste étendue de tours et de fumée
Têtes effrayées par le temps passant sans signer.
Des comptes à rebours nous répondent : « temps »,
Temps
Qui avance sûrement sans opposition.
Visages effrayés par secondes passées.
Village de têtes aisées.
Village pousse
Village conquiert
Glace, glace,
Oubliée au lointain, passé
Sans sens, remplacée
Plastique incrusté. Muette
Sans soucis, signée éternellement.
Oh souvenirs
Oh paisibles souvenirs refroidis par de la
Glace
Glace, glace, glace,
Glace que je vis et que je ne verrai plus. Glace.
Parfois une image sur satellite,
Un souvenir, sport d’hiver
Où artifice implanté.
Plus de glace.
Oh temps qui passe
La glace emprisonnée dans la mémoire
Des vieux lampadaires.
(sans fils qui la voient)
Plus
Plus
Plus de glace
Glace
Glace
Plus, jamais plus
Glace, glace
Glace.
Axel Galpy
TÉLÉGRAMME DE GOBI
Entre chien et loup,
la chaleur asphyxiante du jour cède,
proie de l'humide et froide obscurité.
Peu à peu, pas à pas,
nuit dans le désert,
silence dans le désert.
Le crachin noie mes empreintes,
pas, pas, pas, pas, pas.
Dunes, dunes, dunes
qui passent,
Roches, roches,
de plus en plus de roches.
Soleil, un soleil bas,
mais ardent, piquant,
brûlant dans le désert.
Au loin, village,
village qui s'approche,
Village
Village qui passe,
Village qui s'éloigne.
Plus de dunes, ni de rochers,
Plus rien,
du vide, du vide,
puis
de l'herbe, des fleurs, des plantes,
de la vie.
Pas, pas, pas, pas,
des pas sous le
clap, clap, clap.
Clap, clap, clap sur le front,
sur les bras,
sur les jambes,
des pas, des pas, des pas,
sous la caresse de la pluie.
La lumière agonise,
rituel de la nuit.
L' air, de plus en plus frais,
rafraîchit.
Puis, des montagnes,
des montagnes nues,
escarpées, abandonnées.
Puis, tout au loin,
se dessinent les couleurs
de l'espoir,
Dalandzadgad.
Puis, plus de montagnes,
plus d'herbe,
plus de roches,
plus de dunes,
plus de pas.
Seulement Dalandzadgad.
Fanny Hebrard
TÉLÉGRAMME DE LA VOITURE
Plein jour, dans la voiture,
chemin vers la nature,
bâtiments, bâtiments,
bâtiments,
tout plein de bâtiments.
S’enfonce sur l’autoroute,
voitures, voitures,
voitures qui courent comme le vent,
voitures polluantes
sous un air impur,
devant, derrière, à côté,
voitures.
Plein jour, dans la voiture,
sous le soleil brillant, éclatant,
ardent, choquant, piquant,
avance vers la nature verte,
jeune, fleurie. Printemps.
Champs,
champs tulipes,
champs coquelicots,
champs passés.
Village
De nouveau sur l’autoroute,
prairies, prairies,
prairies habitées d’animaux,
chevaux, vaches, moutons.
Montagnes,
montagnes blanches,
montagnes Pyrénées.
Pics,
Carlit, Puigmal,
autres.
Hautes montagnes,
air pur, transparent,
inodore.
Inspirer,
Expirer,
Respirer,
Enfin !
Clara Estefanell 2d 3
TÉLÉGRAMME DE LA VILLE
Dans le noir, le soir,
Voiture en ville
Poteaux, poteaux
Poteaux :
Ville de poteaux
Devant, derrière, partout
Poteaux
Poteaux
Sous éclairage de vraies et fausses étoiles
Grands et uniformes porteurs de lumière
Plantés là sans but
Hérissant le sol de piques
Poteaux
Arbres de fer
Tous Poteaux
Grandeur vers le ciel et laideur sur terre
Poteaux
Au sol après la tempête
Bien fait
Mère nature reprend le pouvoir
Tuteurs d’une ville qui s’agrandit
Poteaux
Poteaux
Poteaux de sortie de la ville
Avec racines
Poteaux
Poteaux
Poteaux
Plus Poteaux
Renaud Dubreuil