L'ÉTRANGER II
Règle du jeu: commencer par la dernière phrase du roman de Camus.
Les textes ont été écrits en classe en deux heures. Il était possible de consulter L'Etranger.
1 Sophie Baleriola
2 Paola Despretz
3 Pere Roca
4 María Martínez
5 Samantha Vizcaino
6 Natalia de Miquel
7 Laetitia Bertrand
8 Lluis Sánchez Ribalta
9 Eduard Calderón
10 Marc Macias
11 Guillem Claravalls
12 anonyme
Chaque soir, je regardais par la fenêtre de ma cellule. Mes cinq sens se concentraient en elle. J’aimais m’endormir avec les sons de ma ville, sous moi, qui me berçaient jusqu’au ciel, qui, le soir, était toujours vert. Entre mes cauchemars, je me réveillais à l’aube, chaque jour. Sans exception.
Sophie Baleriola, 2d 6, Barcelone
Calmement, je me suis assis sur ma couchette. J’ai eu l’impression d’avoir dormi toute ma vie et qu’à cet instant précis, mon existence venait de commencer.
Soudain, des gardiens sont venus me chercher et m’ont dit qu’aujourd’hui c’était mon jour. Je n’ai rien dit espérant retrouver le silence. Ils ont continué à me parler. On a traversé un long couloir. Je n’ai pas regardé derrière moi. Une fois arrivés dans une salle, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup d’hommes affairés autour de moi. Je me suis demandé qui allait venir me voir. On m’a donné à manger mais je n’avais pas faim. Mes yeux se sont fermés et je me suis assoupi.
Je me suis réveillé parce que les gardiens parlaient trop fort. Une fois menotté, on m’a fait monter dans une grande camionnette. J’ai eu les yeux bandés tout le long du voyage. Un des gardes m’a demandé si j’étais triste de mourir. J’ai trouvé ça absurde. Je lui ai répondu que ça m’était égal. C’était vrai, d’ailleurs, ça m’était égal. J’ai pu sentir les premières lueurs du soleil qui me réchauffaient le visage. J’aimais ça. Les gardiens autour de moi s’occupaient à fumer et à parler de femmes. L’un d’entre eux a remarqué qu’il allait faire chaud. J’ai souri sans trop savoir pourquoi. Ils ont dû me regarder bizarrement parce qu’un gardien m’a interrogé sur le fait que je n’aie pas pleuré lors de l’enterrement de ma mère. J’ai haussé les épaules.
Le véhicule s’est arrêté. On m’a fait sortir de là puis quelqu’un m’a enlevé le bandeau des yeux. La place m’a paru éclatante de blancheur. Peu à peu, j’ai entendu des personnes arriver. J’ai senti une bouffée d’air frais m’envahir. Je me suis senti bien. Des gens se sont installés. On me montrait du doigt. On parlait de moi. Puis, au loin j’ai cru voir Marie. Je n’ai pas bien vu parce que le soleil commençait à m’aveugler. L’aumônier est arrivé. J’ai reculé mais je n’ai pas eu peur. Il s’est approché de moi et il m’a dit qu’il avait prié pour moi afin que je monte au paradis. Je lui ai répondu qu’il ne comprenait rien. Il a eu l’air déçu. Il a ajouté que j’étais insensible puis, il a disparu.
On m’a conduit vers la guillotine. Elle était grande et majestueuse. Les gens me regardaient avec avidité comme quand on regarde un film au cinéma. On m’a mis à genoux. Un homme que je ne connaissais pas s’est mis à parler très fort. Je n’entendais rien. Je voyais seulement mes tendres spectateurs. Les plus petits m’observaient d’un air ahuri, les adultes avec torpeur et les vieux avec une certaine haine.
Le bourreau s’est approché de moi et m’a murmuré des paroles incompréhensibles. L’aumônier a fait le signe de la croix et a regardé le ciel. J’ai senti la lame froide à travers mon cou. C’était le plus beau jour de ma vie.
Paola Despretz, 2d6, 2007
La nuit était froide maintenant, je désirais “perdre mon temps” à penser sur le changement que ma vie a subie depuis que maman est morte.
En effet, je pense que les rôles s’étaient inversés tout d’un coup. Qand j’étais chez moi, c’était comme une prison et maintenant dans la prison je me sentais libre.
Qu’importait maintenant si mes amis, Céleste, Raymond, le vieux Salamano ne se rappelaient plus de moi?
Tout d’un coup un grand silence est apparu et j’ai retrouvé mon calme. J’ai retrouvé la paix que je désirais depuis longtemps.
Pere Roca, 2nde6 Barcelone, 2007-2008
J’ai attendu de ne plus rien entendre. Je me suis assis par terre, appuyé contre la porte. Seul, dans ma chambre, revendiquant ma solitude.
J’ai aperçu le soleil, et cette fois-ci, il ne m’a pas brûlé ni ennuyé, je l’ai supporté durant tout son trajet. Puis, il a disparu en me laissant avec la Lune.
Là j’ai été dérangé, car le gardien qui m’apporte le dîner n’a pas fait attention et m’a fait tomber en ouvrant la porte. Je l’ai vite renvoyé et je l’ai prié de partir. Il m’a regardé d’un air bizarre. Il a voulu me dire quelque chose, mais il a respiré profondément et a refermé la porte derrière lui. Le silence est revenu.
J’avais faim et j’ai rapidement fini, mais je me suis taché avec la viande. Je n’avais pas d’eau ni de serviette pour me laver les mains. Comme avec mon ancien patron, j’en ai demandé une mais personne ne m’a répondu.
Je me suis mis à plat sur mon lit, en regardant le plafond, avec ses écorchures et ses petits dégâts. Je regarde normalement les murs en essayant de reconnaitre des objets, et chaque fois que je le faisais, je repensais à Emmanuel.
Puis j’ai commencé à me sentir lourd et fatigué ; j’ai fermé les yeux, en sentant et en goûtant le frais vent salé de la mer.
Le lendemain, j’ai eu de la peine à me lever. J’ai senti l’arôme que le vent avait laissé dans ma cellule.
J’ai inspiré profondément pour en être imprégné. Cela me réconfortait toujours.
Le gardien est venu m’apporter le petit déjeuner. Mais il a ouvert la porte délicatement, il a peut-être pensé à hier, puis en me regardant fixement, il a souri. Cela m’a frappé. Puis il est reparti.
L’après-midi, deux gardiens sont venus avec une chaise et une table. Ils ont seulement dit : « C’est un don »,j'ai apprécié ce geste. J’ai pris ma chaise et je l’ai examinée, elle avait des petits défauts mais je l’aimais tout de même.
J’ai commencé à me balancer, en levant les deux pattes du devant. J’ai senti la liberté que devaient expérimenter les oiseaux en volant.
C’est alors que tout a changé, la sensation a disparu et l’angoisse est revenue. Le vent est venu cette fois chargé de chaleur.
La chaise a glissé en avant et j’ai senti la chute venir et c’est là, dans le bruit à la fois grave et douloureux de ma nuque contre le mur de ma cellule, le mur que j’ai si bien aimé, que tout est fini.
Maria MARTINEZ, 2d6
BARCELONE, 18 Décembre 2007
5 “Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
En me réveillant, la première pensée que j’ai eue, c’était celle de mon exécution. Ensuite, j’ai regardé par la fenêtre. Le soleil n’était pas encore levé.
Peu après, les gardes sont entrés dans ma cellule pour m’apporter le petit déjeuner. J’en ai profité pour leur demander si je pouvais fumer une dernière cigarette. Ils ont dit que oui. Je n’ai pas touché au repas : je n’avais pas faim. J’ai fumé en regardant le ciel.
Après, j’ai pensé à Marie. Je me suis demandé si elle allait venir voir mon exécution.
J’ai beaucoup pensé à maman ces derniers temps. C’était étrange.
Comme je ne savais pas quoi faire, j’ai encore regardé par la fenêtre et je me suis aperçu que le soleil commençait à se lever. J’ai alors pensé au monde et à la vie. Mais j’ai été interrompu par les gardes qui sont entrés dans ma cellule, ils m’ont dit qu’il fallait y aller car c’était l’heure. Ils m’ont menotté et je les ai suivis.
Sur le chemin, les gardes m’ont demandé si je regrettais de ne pas avoir pleuré à l’enterrement de maman et d’avoir tué l’Arabe. J’ai répondu que non. Ils se sont tus.
Tout le trajet, de la prison jusqu’au lieu de l’exécution, s’est fait en silence.
Arrivé sur le lieu de ma mort, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de personnes qui étaient venues voir mon exécution. J’ai vu Raymond et à ses côtés Marie qui pleurait. Les gens me huaient : j’en étais fier.
Ils m’ont installé correctement pour que la lame vienne me trancher la gorge. Lorsque tout a été soigneusement calculé, le roulement de tambour a commencé. Il y a eu un moment de tension. J’ai entendu le glissement de la lame et puis ensuite plus rien.
Samantha Vizcaino, 2nde6, Barcelone, 2007
6 "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il ait beaucoup de gens le jour de mon exécution et qu’il m’accueillent avec des cris de haine. »
Mourir à ce moment-là ne me préoccupait pas, j’étais calme, dans une cellule où j’avais vécu plein de moments seul, mais là, je ne me sentais pas du tout seul. Penser à maman m’avait apporté une tranquillité telle que je me sentais près de tout le monde. Je pouvais entendre comment les gens arrivaient à la place, je pouvais sentir les cheveux de Marie et son parfum et être en compagnie de ceux qui avaient été près de moi pendant toute ma vie. Ils n’étaient pas nombreux, mais c’était suffisant.
La mort était quelque chose de normal. Tout le monde souffrait avant de mourir et l’évitait à tout prix. Je ne le comprenais pas.
J’ai regardé par la petite fenêtre de ma cellule, et de très loin, on pouvai t voir le soleil se lever .Il était plus ou moins six heures du matin. Le soleil viendrait me voir le jour de mon exécution, mais je l’avais vaincu…C’était moi qui allais mourir, mais pour la vérité. Sans aucune attitude héroïque mais j’aurais une mort digne. Je n’avais pas peur, pas une seule larme et une mort mémorable. Je n’avais plus qu’à attendre.
Alors deux hommes sont entrés dans ma cellule. J’étais assis sur une chaise et je regardais encore à travers la fenêtre. L’un des deux m’a demandé ce que j’avais fait et de quoi on m’avait accusé. J’ai répondu « on m’a accusé de ne pas pleurer le jour de la mort de ma mère, mais j’ai tué un arabe ».Alors celui qui ne parlait pas, m’a pris par un bras et l’autre homme m’a pris par l’autre, il m’a demandé si j’étais prêt. J’ai dit « oui » pour n’avoir plus rien à dire.
J'ai mis un petit cahier, où j’avais écrit toutes mes pensées pendant si longtemps, dans la poche de l’homme qui m’avait interrogé, et je lui ai dit oui avec la tête. L’autre ne parlait pas, il se limitait à me regarder.
La mort frappait à la porte, j’étais prêt…
Natalia de Miquel, 2d6, Barcelone, 2007
Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
Après cette dernière idée en tête, je me suis endormi, et les étoiles qui donnaient leur claire lueur sur mon visage ont disparu. J’étais dans un tel état de calme que je n’ai pas vu le temps passer. Pour moi rien ne comptait plus que cette petite aube de mon exécution, cette petite aube où la vie serait éteinte pour quitter cette terre que j’aimais. À cette pensée, et toujours dans le calme perpétuel où je m'étais barricadé, j’ai joué, enfin, à tout recommencer, comme Maman.
Je suis allé vers le petit lavabo de ma cellule, je me suis lavé les mains. Le torchon à côté était sec, j’étais heureux. J’ai ensuite retrouvé l’histoire du Tchécoslovaque, et je l’ai relue ; alors, sans savoir vraiment pourquoi, j’ai ri, et si fort qu’il me semblait que Marie, si loin, m’entendait. Cet homme, mort à cause d’une surprise qui a trop bien réussi, avait tout gagné. La mort est une délivrance, et lui aussi avait joué à tout recommencer, en retrouvant sa famille. Il était mort sans le savoir, mais au moins il était mort heureux.
J’ai repensé à Marie. Je me suis dit qu’il faudrait qu’elle sache qu’elle ne doit pas avoir pitié de moi. Je me suis approché de la porte de la cellule et j’ai appelé les gardes : je voulais qu’ils la préviennent. Ils ne sont pas venus. Je me suis donc recouché, espérant qu’elle ne viendrait pas le jour de mon exécution.
A l’aube, j’ai entendu des cliquetis dans la porte de ma cellule. J’ai alors pensé que ces bruits ressemblaient étrangement à celui de la gâchette du revolver, cédant sous la pression du soleil. Je me suis alors demandé, de manière plutôt inattendue, s’il y aurait beaucoup de soleil, tout à l’heure. Car, même s’ils venaient me chercher à l’aube, l’exécution n’aurait lieu que vers dix heures. A cette heure-là, il fait déjà chaud. Que des spectateurs innocents viennent me voir mourir ne me dérangeait pas, mais que le soleil, véritable coupable, s’en mêle, cela m’incommodait.
La serrure de la porte a cédé enfin, et la frontière entre moi et le monde extérieur s’est ouverte. Il y avait là quatre gendarmes. J’ai pensé que ça faisait beaucoup pour moi, et j’ai failli le leur dire, mais je me suis retenu. J’ai reconnu le gendarme qui m’avait présenté à son ami journaliste le jour du procès. Il m’a souri timidement avec un air désolé. Ses trois autres compagnons semblaient de marbre et j’ai eu l’impression bizarre qu’ils étaient las de leur travail. "C’est l’heure", m’a dit l’un d’eux. J’ai remarqué que ses yeux regardaient un point invisible derrière ma tête, comme si je n’étais déjà plus là. "Tu as de la chance, ton histoire a fait du bruit et il y a pas mal de monde." Le deuxième gendarme avait parlé de sa bouche inexpressive. J’ai failli le remercier, mais je me suis tu. Le troisième gendarme ne disait rien et regardait ailleurs. Celui du procès continuait de sourire d’un air gêné.
Nous sommes sortis. La lumière m’a fait mal aux yeux, et le soleil me semblait constitué de flammes rouges s’élevant dans le ciel. A travers les fenêtres de la prison, je me sentais déjà comme une proie au monde extérieur. Nous continuions à marcher vers la sortie quand deux autres gendarmes et le directeur de la prison nous ont rejoints.
Ce dernier avait un costume noir, un gros ventre, et quelques cheveux blancs lissés en arrière. Son air solennel m’a surpris. "Désolé du retard, j’ai eu un peu de mal à me réveiller. Tiens, il a l’air de vouloir faire beau. Eh bien, monsieur Meursault, prêt pour le grand jour ?" Il avait dit cela de manière calme et détachée. Il m’a alors expliqué que juste après mon exécution il mariait sa fille. J’ai donc compris la raison de son air solennel.
A ma grande surprise, nous avons bifurqué vers la gauche devant la porte de la prison. On m’a installé dans une salle vierge où l’on m’a apporté des vêtements simples mais propres. J’ai d’abord refusé, voulant garder mes vêtements, mais ils ont insisté car même un condamné doit être présentable. Une fois prêts, nous sommes repartis, mais cette fois les gendarmes ont poussé la lourde porte blindée de la prison. Le soleil était déjà haut et j’ai compris que tout cela avait duré une bonne heure. De plus, on allait prendre à peu près autant de temps pour atteindre le centre-ville où aurait lieu mon exécution. Nous avons commencé à marcher, le directeur en tête, puis les six gendarmes m’encadrant.
Durant tout le trajet, j’ai regardé autour de moi. La végétation était rare, mais les quelques fleurs qu’il y avait ont brillé d’une certaine beauté. L’odeur de la mer volait vers moi et j’ai senti une larme couler sur ma joue. Les gens me regardaient passer, certains avec mépris, d’autres avec étonnement ou pitié. Ceux-là n’avaient pas dû lire les journaux.
Le peuple a alors commencé à nous suivre. De dix personnes, il y a eu bientôt une centaine d’âmes à notre suite. Des journalistes nous ont alors rejoints, et j’ai reconnu le jeune homme et la petite automate. Eux seuls ne parlaient pas, et, comme à leur habitude, me regardaient fixement. J’ai perdu la notion du temps durant ce trajet. J’ai juste retenu le soleil montant de plus en plus haut et agressant de plus en plus mes yeux habitués à l’obscurité. C’était un soleil voisin de celui de l’enterrement de Maman et du meurtre de l’arabe, un soleil qui m’a obnubilé de telle manière que je ne sentais plus les crachats que les gens me jetaient à la figure.
Enfin, au bout d’un long moment, une place s’est dessinée devant moi. Elle était noire de monde. Seule une estrade avec ma mort m’attendait. Les gendarmes ont dû menacer les gens qui étaient les plus près de moi pour pouvoir avancer. J’ai souri : les gens m’accueillaient comme je le voulais. Mais je remarquais surtout les visages aux expressions les plus paisibles et tristes, bien que peu nombreux.
Je suis monté sur l’estrade, seul avec le directeur, les gendarmes gardant l’escalier. Le bourreau était là, avec la guillotine à ses côtés, dont la lame brillait au soleil, et m’attaquait les orifices oculaires d’une épée flamboyante. J’ai alors fermé les yeux et je me suis rappelé les étoiles sur mon visage, le ventre de Marie sous ma tête, et mon corps dans l’eau salée. J’ai souri. Je souriais à la vie, à cette vie qui m’avait tant donné. Je souriais encore quand un prêtre commençait l’extrême onction, quand le bourreau m’a mis à genoux, face à la machine de mort. Je souriais à la foule, à Marie, à Céleste, à Raymond, Masson, Salamano, au jeune journaliste et à la petite automate. Je souriais à ma mère, et au soleil qui m’avait tant appris. Alors, en une seconde, il y eut la nuit.
Laëtitia Bertrand, 2de6, Barcelone, 2007
Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
Je me suis retourné et je me suis rendormi sur ma couchette.
Quelques heures plus tard, un peu avant l’aube, deux personnes m’ont réveillé et m'ont dit « C’est l’heure !» . Alors, je me suis levé et ils m’ont mis dans une voiture. Nous n’avons pas roulé très longtemps, mais le voyage m’a semblé sans fin. Voulais-je vraiment mourir ? Cette question m’avait tourmenté toute la nuit.
Enfin, la voiture s’est arrêtée et les portes se sont ouvertes.
La place était remplie de têtes qui me regardaient avec des yeux grand ouverts, comme on regarde une bête de foire. Le silence était sépulcral. Une barrière de gendarmes s’était créée devant la porte de la voiture, pour éviter à la foule de m’écraser, et me guidait jusqu’à la guillotine, au centre de la place. Deux personnes m’ont encore accompagné jusqu’à la cime de l’engin. C’est alors que quelqu’un a crié « Mort au meurtrier ! ». Et un brouhaha général a déchiré le parfait silence. Mais le bourreau a fait un signe de la main, et tout le monde s’est tu. Il m’a demandé quels étaient mes derniers mots. Je lui ai répondu que je n’avais rien à dire, que de toute façon j’allais mourir. Il a fait un geste de compréhension. Pendant ce temps, quelqu’un avait commencé à lire la sentence. On m’a attaché les mains derrière le dos, et c’est à ce moment précis que les premiers rayons de soleil ont touché mon visage. Ce n’était pas le soleil de l’enterrement, ni celui de la plage, mais un soleil bien différent. Il était plein d’espoir, brillant comme de l’or. Alors, ils m’ont mis un sac sur la tête et m’ont fait mettre à genoux. Quelqu’un, dans un cri en pleurs, a dit : « Meursault, je t’aime ! ». C’était Marie. On m’a passé la tête sous la longue lame étincelante, éclairée par les rayons du soleil. J’ai pensé que c’était fini…et puis, plus rien.
La lame était tombée, la tête dans le panier, et au milieu du silence, une jeune dame pleurait pour son amoureux.
9
« Pour que tout soit consommé, pour que je me moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. »
J’ai à nouveau dormi. Quand je me suis réveillé, il était six heures du matin et mon exécution aurait lieu à deux heures de l’après-midi. Les heures passaient lentement, mais la chaleur augmentait rapidement. J’ai alors commencé à penser aux moments les plus émouvants de ma vie. Mon enfance, ma famille, mes amis, tout a été concentré dans mon cerveau pendant des heures.
À l’heure du déjeuner, les gardes m’ont laissé choisir mon dernier repas. Quand j’ai fini de manger, j’ai reçu la visite de Marie, Raymond, Salamano et Céleste. Il me restait deux heures jusqu’à la fin de mon existence.
Mes visiteurs étaient tous tristes pour ce qui allait venir. Salamano, Céleste et Raymond sont partis après avoir parlé quelques minutes avec moi. Je suis resté donc tout seul avec Marie. Elle était très belle ce jour-là. Nous avions seulement quelques minutes pour parler. Finalement nous sommes restés cinq minutes sans rien dire et enfin nous nous sommes embrassés. Alors, Marie a été appelée par le garde et elle est partie avec des larmes dans les yeux. J’ai alors compris que c’était la dernière fois que j’étais en contact avec quelqu’un que j’aimais avec passion.
Les gardes sont venus me chercher. Ils m’ont habillé correctement. Une demi-heure après, on a commencé à marcher vers la place publique. Je voyais et j’entendais, de loin, la lumière et le bruit des spectateurs du dehors.
Quand je suis arrivé à l’extérieur, j’ai pu observer la multitude de gens qui étaient présents et, au milieu de la place publique, j’ai pu voir avec détail l’instrument qui allait trancher ma vie, la guillotine. La chaleur était insupportable.
Je me suis approché rapidement vers l’échafaud, vers la mort. Quand je suis arrivé près d’elle, on m’a préparé et j’ai situé mon cou dans celle-ci. En face de moi, il y avait Marie et les autres. C’était la dernière fois que je les voyais. Finalement, le garde a activé la guillotine, et la fin de ma vie est arrivée, la mort s’est enfin produite.
Eduard Calderón, 2d 6, Barcelone, 2007-2008
En me réveillant, j’ai compris qu’aujourd’hui j’allais mourir. Cela signifiait le départ vers un monde nouveau et inconnu .Pendant les dernières heures avant l’éxécution, j’ai pensé un peu à tout. Je savais que je ne reverrais plus Marie. Pendant ces minutes qui passaient inexorablement, j’ai eu peur de la mort. Ce soir, j’ai rêvé que maman était vivante. Elle m’a dit qu’elle comprenait ce que j’avais fait. Je regardais l’horloge au fond du couloir de la prison. Elle disait que j’allais bientôt mourir. Je devais la remercier. Avec elle tout semblait très simple et facile. Mais à l’asile tout a changé. Ma mère est morte un jeudi et moi un vendredi. Marie,aimait un criminel qui avait tué quelqu’un. J’allais rejoindre maman d'ici quelques heures. Ma mort allait être comme celle d’autres français qui avaient donné leur vie en échange d’autres.
Mon exécution n’était pas injuste car je donnais ma vie en échange de celle de l’Arabe. J’aurais voulu connaître l’Arabe.
Dans ma chambre, un rayon de soleil rentrait. C’était comme si le soleil avait voulu me rendre la vie impossible depuis la mort de maman. Le soleil était aussi la cause de mes problèmes.
Soudain , j’ai entendu quelqu’un qui s’approchait. C’était un gendarme qui venait me chercher. Il était gros. J’ai perdu le calme que j’avais trouvé . Il m’a dit : « Prends tes affaires et sors ». En sortant, j’ai lu sur son uniforme « Liberté , Égalité, Fraternité ». Je ne savais pas si ces mots qui symbolisent la France étaient respectés dans mon cas. Quand je suis sorti , quelqu’un d’autre est entré. C’était peut être un Meursault comme moi, qui attendait le moment pour franchir la frontière de la vie à la mort, je ne savais pas. Je n’avais plus de temps, la mort m’attendait.
MARC MACIAS, 2d 6, Barcelone, 2007
Il s'agissait d'un soldat qui était parti en guerre, et qui à cause d'une grenade avait perdu la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, et après une opération pour sa survie se retrouva sans bras et sans jambes.
Puis je me suis posé une question, une question que tout être humain s'est posé un jour: qui me gardera dans ses souvenirs après ma mort? Est-ce que j'ai laissé sur terre une trace de mon existence?
Je crois que je me suis endormi avec cette angoisse, car, quand j'ai ouvert les yeux, deux gardiens m'ont demandé de me lever et m'ont emmené sur la place où ils allaient m'exécuter. Elle était pleine, ça m'a fait plaisir.
Ils m'ont attaché les mains et m'ont lavé le cou avec une éponge, mais juste avant de m'incliner, j'ai regardé la foule et j'ai crié de toutes mes forces au peuple français qu'il se souvienne de moi, comme de l'homme qui fut tué pour ne pas avoir pleuré le jour de l'enterrement de sa mère.
Au lever du jour, je me suis réveillé, à cause du soleil. La rotation de la terre m’avait enlevé quelques minutes de repos. Ma dernière nuit s’était déroulée dans le calme, malgré les sons stridents que faisait le gardien en tapant aux portes des cellules. Une heure plus tard, on m’a apporté mon petit déjeuner: du pain et du lait. Un pain moisi que je n’ai pas osé manger. J’ai seulement bu le lait. C’est alors que j’ai pensé à maman, quand nous allions chercher du pain, à la boulangerie. Un pain frais que je tartinais avec les délicieuses mottes de beurre.
Une heure plus tard, on est venu me chercher. C’était les deux gendarmes qui m’avaientt conduit de la salle d’assises à ma cellule. Je n’avais que cinq minutes pour me préparer.
La place était remplie de gens, criant et hurlant. Quand je suis sorti de la voiture cellulaire, j’ai entendu les roulements de tambours, afin d’apaiser les cris des spectateurs. Au milieu de la place, trônait une guillotine. Maintenant, je savais comment j’allais mourir.
J’étais ébloui par le soleil, ses rayons frappaient la fine lame de la guillotine et parvenaient à mes yeux. C’est alors que les gendarmes m’ont fait avancer. Je regardais fixement la lame qui, à présent, ne m’éblouissait plus. Une lame coupante qui me rappelait les couteaux du boucher. Les gendarmes m’ont encore fait avancer, jusqu’à arriver à l’emplacement de la guillotine. L’aumônier était là. En aucun moment il ne m’a regardé. Quand on m’a demandé si j’avais quelque chose à dire, j’ai répondu que non. Le bourreau m’a attaché les mains et m’a mis à plat ventre sur la petite plate-forme sur laquelle on posait, tel un objet, la personne qui était destinée à mourir de cette façon. C’est alors que le public a commencé à crier. L’homme au capuchon noir a placé mon cou sous la lame. Il a compté quelques secondes puis a tiré sur la corde. Je savais qu’il n’allait pas me tuer, que c’était le mécanisme. Dans quelques secondes, ma tête serait tranchée. Mon histoire finirait comme celle de ma mère.
anonyme, 2d 6