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BIZARRE...VOUS AVEZ DIT BIZARRE...?

  

AUTEURS:

Guillaume Ballart 2d5
Manu De Zarobe  2d 5

 


Meursault est en train de dîner chez Céleste à Alger. Norbert de Varenne entre et s’assied à sa table. Vous rédigerez la rencontre sous forme de scène de théâtre, sans oublier les didascalies (qui sont toujours au présent de l’indicatif).

 

 

LES PERSONNAGES

 

MEURSAULT, journaliste en deuil. Il vient de perdre sa mère.

CÉLESTE, propriétaire du bar où se déroule la scène.

NORBERT DE VARENNE, poète âgé en visite à Alger.

UN COUPLE, assis à une table, en train de dîner.

 

 

La scène se passe dans un petit bar. Le comptoir, à gauche, avec quelques tabourets. À droite, au fond, quatre tables. À côté de la table du fond, une porte et des fenêtres.

Meursault, assis sur une table à droite, boit un café. Céleste, derrière le bar, nettoie des verres. Au fond, un couple se tient la main.

 

Céleste

Ne t’en fais pas, ça passera… mais, tu sais, on n’a qu’une mère.

 

Meursault, il regarde Céleste et acquiesce de la tête.

 

Norbert de Varenne entre par la porte du fond. Il regarde la scène et avance vers Meursault.

 

Norbert de Varenne

Puis-je m’asseoir ?

 

Meursault , en levant la tête

 

Oui… Bien sûr.

 

Céleste, s’approche d’eux et s’adresse à Norbert de Varenne.

 

 Monsieur, vous voudrez ?

 

Norbert de Varenne

Vous avez un menu ?

 

Céleste

 

 Lentilles au jambon et côtes de mouton.

 

Norbert de Varenne

 

Cela me va bien.

 

Céleste sort par la gauche. Silence. On entend le couple qui bavarde.

 

Norbert de Varenne

 

Vous habitez Alger ?

 

Meursault

 

Oui, juste en face. (Il montre la fenêtre).

 

Norbert de Varenne 

 

C’est beau, Alger. Toute l’Algérie me paraît belle, pas vous ?

 

Meursault

 

Oui, c’est assez beau, c’est vrai.

 

Norbert de Varenne

 

J’y suis venu pour les vacances. Un compagnon m’en a très bien parlé. Il dit qu’il y a vécu. Georges Duroy, vous le connaissez ?

 

Meursault

 

Non.

 

Norbert de Varenne

 

Un gentil jeune homme. Je crois qu’il a eu raison de m’y envoyer. L’Algérie… un bon endroit où passer ses derniers jours…

 

Meursault fait une grimace et baisse la tête.

 

Norbert de Varenne, sans y prêter attention, rêveur et triste.

 

 Je crois que je suis venu y mourir (soupir). Je suis vieux, vous voyez bien… et il y a longtemps que j’attends la mort.

 

Céleste entre avec un plat de lentilles.

 

Célesteà Norbert de Varenne.

 

 Vos lentilles, Monsieur.

 

Norbert de Varenne 

 

Merci.

 

Céleste tape sur l’épaule de Meursault et va vers la table du couple.

 

Norbert de Varenne

 

 Mmm ! C’est bon ! Vous venez dîner souvent ici ?

 

Meursault

 

Oui, le propriétaire, Céleste, est un bon ami à moi et les plats sont bons et pas chers.

 

Norbert de Varenne

 

Et la salle est bien aussi… mignon, propre..

 

Silence.

 

Norbert de Varenne

 

Vous savez,  je suis écrivain à Paris et ce qui me manque, c’est le beau temps. Ici, je me sens un peu plus jeune mais je sais que tout est fini. Je vais mourir d’un jour à l’autre. Je le sais. Je vois parfois la mort devant moi. Je me sens vieux et faible.

 

Le couple paye Céleste et sort par la porte de derrière en riant.

 

Norbert de Varenne

 

Regardez-les, les jeunes. Ils ne savent pas ce qui les attend. C’est terrible. Vous, vous ne la voyez pas, la mort ! Mais moi, j’ai peur toutes les nuits…

 

Céleste s’avance vers Meursault et Norbert de Varenne.

 

Norbert de Varenne

 

La mort, la mort, la mort… C’est atroce !

 

Céleste regarde Meursault qui est sur le point de pleurer.

 

Céleste

 

Je peux ramasser, Monsieur ?

 

Norbert de Varenne

 

Oui, c’était délicieux.

 

Céleste

 

Merci (à part, à Norbert de Varenne). Je vous en prie, Monsieur, la mère de ce jeune homme est morte hier donc ne parlez plus de la mort devant lui. Merci.

 

Céleste sort par la gauche avec l’assiette vide.


Guillaume Ballart   2d 5                                               




               MEURSAULT, NORBERT DE VARENNE

 

 

La scène se passe à Alger dans le restaurant de Céleste.

Meursault est assis sur une chaise, face à sa table, et il regarde la mer. Norbert de Varenne entre en scène. Toutes les tables étant occupées, il s’assied avec Meursault, qui ne le regarde pas.

 

NORBERT DE VARENNE : Quel beau jour, n’est-ce pas ?

 

MEURSAULT, en regardant la mer : Cela ne veut rien dire.

 

Quelques secondes de silence

 

NORBERT DE VARENNE : Que voyez-vous dans la mer ?

 

MEURSAULT : Je vois le bonheur, mais aussi la mort qui approche.

 

NORBERT DE VARENNE : Pourquoi dites-vous cela ?

 

MEURSAULT : Dans une semaine, tout sera fini pour moi. Je n’ai rien. Je suis seul. Je n’ai que la mer et le soleil.

 

NORBERT DE VARENNE : Je comprends. Cela m’arrive aussi. Vous êtes au sommet de votre vie, et vous voyez la mort. Mais tout doit finir un jour. Vivre, enfin, c’est mourir ! Vous n’avez que le soleil et la mer. Moi je n’ai que ma plume et la rime.

 

Après quelques secondes

 

NORBERT DE VARENNE : À quoi pensez-vous ?

 

MEURSAULT : Cela n’a pas d’importance.

 

NORBERT DE VARENNE : La mort…comprenez vous ce mot ?

 

MEURSAULT : À chaque seconde je le comprends mieux.

 

NORBERT DE VARENNE : C’est bizarre, quand je vous regarde, je me vois moi-même. Nous sommes tous les deux face à ce monde qui ne nous comprend pas. Cela vous est déjà arrivé ?

 

MEURSAULT : Peut-être.

 

NORBERT DE VARENNE, en regardant la mer : Je crois que la poésie m’appelle. Adieu. Cher Étranger.

 

Meursault arrête de regarder la mer, et se retourne enfin vers Norbert de Varenne. Il a disparu.

 

 

 Manu de Zarobe, 2d5, Barcelone, 2007     

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