INCIPITS autobiographies imaginaires
INCIPITSécrits à partir d'une première phrase donnée
le choix était donné entre une liste de phrases à la première personne du singulier, risquant de déboucher sur une vraie ou fausse autobiographie, et une liste de premières phrases de romans réels
INCIPITS D’AUTOBIOGRAPHIES IMAGINAIRES
Pablo Nieto
David Hachuel
Miguel Diago
Juan Fernández
Adrien Butaud
Clara Rivero
Marina Cuesta
Clara González
Randa Medina
Thibaut Legrand
Irene Casado
Cet après-midi là, il faisait très chaud. Il était environ 15 heures. Je descendis lentement les escaliers en priant que le jardin fût vide. Me trouvant devant la porte qui donnait au jardin, je pris courage, et en courant j’allai dans le jardin. Ce fut la première fois que je m'y trouvais . Ce fut à l’âge de douze ans la première fois que j’ai marché dans le jardin ou sur « l’eau » comme dirait mon père. Après quelques instants d’excitation, je m’assis sur la pelouse et je mis attendre que le temps passe.
Soudain, j’entendis le bruit d’une personne qui descendait. À l’instant je fus pris par la panique et je me cachai derrière quelques arbustes. Caché là, je voulais m’imaginer que la personne qui descendait était le concierge, mais un dimanche ce ne pouvait qu’être un enfant comme moi. Mes craintes furent vérifiées quand j’aperçus, de ma cachette, un garçon de mon âge très grand et très maigre. Ses habits, sa physionomie, sa manière de marcher…. Tout en lui le faisait ressembler à un joueur de basket-ball des années 50. Ce garçon jeta un furtif coup d’œil dans le jardin pour voir s’il n’y avait personne et courut d’un bâtiment à un autre. Quelques minutes après, il réapparut accompagné d’un autre garçon beaucoup plus petit que lui mais largement plus gros. Ce nouveau garçon ne lâchait à aucun moment la balle de ses mains. Cette même scène se répéta deux fois de plus tandis que moi, caché derrière un arbuste, je me limitais à observer.
Apparemment tout le monde était là : trois garçons et deux filles. Immédiatement, les trois garçons se mirent à jouer au football tandis que les deux filles jouaient à la corde à sauter. Je ne me considère pas une personne avec de la chance, tout le contraire. Je n’ai jamais rien gagné de la vie quoique aux cartes je gagne toujours ou je joue de telle manière que je gagne toujours. Ce jour-là la chance n’était pas de mon côté et la balle vint tomber juste à côté de moi. À l’instant, un garçon alla la chercher mais il fut très surpris en me voyant et il se mit à crier. Tous les autres enfants arrivèrent et me regardèrent comme s’ils voyaient un extraterrestre. Après quelques minutes ils furent convaincus que je n’en n'étais pas un et m’invitèrent à jouer avec eux.
Après avoir donné cent coups de pied et arrêté une bonne vingtaine de tirs, je ne voulais pas quitter le jardin. Je voulais passer toute la nuit avec Antoine, Yves et Fabien. Mes parents furent très surpris en me voyant jouer avec d’autres garçons dans le jardin. Ce fut ainsi que je découvris que « l’eau », comme le dirait mon père, était un bon endroit pour jouer.
Mais revenons à ma visite à Paris. Arrivée au marché, Elmire m’a aidé à mettre en place les aiguilles sur l’étalage.
Dans l’après-midi, nous avons appris que le roi allait défiler devant ses sujets. On a donc décidé d’aller le voir. Je ne connaissais pas sa figure, je le reconnus grâce â la couronne et en l’apercevant, je devins, à l’instant, tout blanc, tout pâle. Elmire s’était retournée, affolée, vers moi. Elle avait sûrement la même pensée que moi. Son regard confirma ma confusion : le roi et moi nous étions identiques…
David Hachuel 2d 6
Le mieux serait d'écrire les évènements au jour le jour. Comme ça, je ne devrais pas maintenant reconstruire sur le papier une vie entière. Cependant, en faisant un petit effort, j'arriverai à raconter ce que me semble le moins ennuyeux sur moi.
Je suis né le 15 mars 1990, vers midi environ. Á cette époque, mes parents sont plutôt gais et moi, pourquoi pas, aussi. L'accouchement s'est déroulé sans problèmes remarquables. Je me prépare à vivre dans le monde extérieur. Les gens semblent être tous agréables et on pourrait même dire qu'ils me placent au centre de leurs univers particulier. De la nourriture et des soins me sont dispensés en abondance. Il semble que j'ai de la chance, car quelques années plus tard, j'appris que seulement une petite partie des enfants qui naissent sur Terre jouissent de ces luxes.
Après quelques jours de pur relax à l'hôpital, je suis emporté à ma nouvelle maison. C'est un endroit totalement inconnu et désespérément grand pour moi. Peut-être, en faisant une approximation mentale, on pourrait affirmer qu'un bureau était pour moi comme un immeuble de deux étages pour un homme adulte. Mais cela n'avait pas trop d'importance à ce moment-là, puisque mon principal objectif à cet âge est de dormir autant que possible.
Je dus attendre en réclusion dans cet endroit le long de quelques printemps avec l'espoir d'acquérir les facultés basiques à tout être humain: marcher et parler. Cependant, cela n'impliquait pas évidemment d'avoir un discours cohérent ou de marcher vers des endroits autorisés. Ce n'est qu'après quelques dizaines de réprimandes que je commençai à voir vers où je devais orienter mon comportement. Il semblait que j'avais encore à apprendre des choses sur ce qu'on appelle le "sens commun".
C'est pour cela qu'à l'âge de vingt-quatre mois environ je suis emmené à une espèce d'école très singulière: une crèche. Là, je n'appris rien sauf quelques mots utiles et aussi qu'on ne devait pas taper sur les autres. Ces années sont sans doute l'une des périodes de repos les plus longues dont un être humain peut profiter pendant toute sa vie. Les devoirs sont totalement inexistants, les travaux en classe, négligeables; et les personnes qui nous surveillent, aimables. C'est le cas diamétralement opposé à ce que je trouverai dix ans plus tard.
Miguel Diago, 2d 6, Madrid, 2006
Je suis la femme réveillée. La différente, celle que personne ne comprend et celle qui ne comprend personne.
Ma vie a toujours été étonnante. J’aimais penser que j’étais toujours en avance sur les autres, mais maintenant que je regarde les années vécues d’un autre point de vue, je découvre que je suis une étrangère dans ce monde, comparable à personne.
J’avais trois ans, ma famille et moi nous étions en visite chez des amis à la campagne. Le salon se trouvait à l’étage et donnait sur un balcon. Les grandes personnes discutaient assises sur le canapé, et mon frère et moi nous jouions sur le balcon. Il est plus âgé que moi, et donc plus habile. Son jeu consistait à passer la balustrade de l’autre côté puis revenir. Moi, dans mon rôle de petite sœur, je l’imitais.
Mais je n’avais pas la force des bras pour m’agripper ; c’est ainsi que je tombai d’un balcon d’environ six mètres de hauteur.
Cette chute me sembla interminable. Deux secondes me parurent des heures. J’attendais qu’un héros de mes histoires vienne me sauver, mais quand j’arrivai au sol, où un arbuste m’accueillit, personne ne m’avait aidée. Dès que mes fesses entrèrent en contact avec cette plante molle qui me sauva la vie, je tombai dans l’inconscience.
Je n’avais aucune fracture, aucune séquelle. Ma mère, qui n’a jamais été religieuse, parlait d’un miracle. Elle a toujours soutenu que chaque enfant a un ange gardien qui le sauve dans de nombreuses occasions et qui le protège.