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INCIPITS autobiographies imaginaires

INCIPITS


écrits à partir d'une première phrase donnée

le choix était donné entre une liste de  phrases à la première personne du singulier, risquant de déboucher sur une vraie ou fausse autobiographie, et une liste de premières phrases de romans réels



 

INCIPITS D’AUTOBIOGRAPHIES IMAGINAIRES


 LISTE DES AUTEURS:  (2d 6 du LYCÉE FRANÇAIS DE MADRID)


Pablo Nieto
David Hachuel
Miguel Diago
Juan Fernández
Adrien Butaud
Clara Rivero
Marina Cuesta
Clara González
Randa Medina
Thibaut Legrand
Irene Casado


 

                                           
          J’avais douze ans la première fois que j’ai marché sur « l’eau ».
Ce jour là, mes parents me voyant ne rien faire dans ma chambre, décidèrent de me punir. Contrairement  aux autres enfants qui étaient à toute heure dans un petit jardin, formé par quatre bâtiments de maisons, moi je ne voulais jamais descendre. J’avais peur des autres enfants. Mes parents, voyant ma panique à descendre de chez moi et aller jouer dans le jardin, prirent rendez-vous chez un psychologue. Le psychologue, après un mois de consultations, donna son verdict : « Votre enfant a un trouble avec le petit jardin, comme, il y a quelques années, d’après ce que j’ai pu observer, il ne pouvait pas toucher l’eau. Avec un peu de patience ça devrait se passer en quelques semaines ». Mon père fut soudainement pris par le rire, au lieu de se fâcher en voyant la facture du psychologue et  décida  d’appeler dorénavant le petit jardin « l’eau ». Un an après rien n’avait changé. Les enfants jouaient tout le long de la journée dans le petit jardin, moi je continuais à ne pas vouloir descendre au jardin, ou à « l’eau » comme le disait mon père, et mes parents devraient se demander pourquoi leur enfant n’était pas comme les autres. Mais tout changea cette journée de juillet.

            Cet après-midi là, il faisait très chaud. Il était environ 15 heures. Je descendis lentement les escaliers en priant que le jardin fût vide. Me trouvant devant la porte qui donnait au jardin, je pris courage, et en courant j’allai dans le jardin. Ce fut la première fois que je m'y trouvais . Ce fut à l’âge de douze ans la première fois que j’ai marché dans le jardin ou sur « l’eau » comme dirait mon père. Après quelques instants d’excitation, je m’assis sur la pelouse et je mis attendre que le temps passe.

            Soudain, j’entendis le bruit d’une personne qui descendait. À l’instant je fus pris par la panique et je me cachai derrière quelques arbustes. Caché là, je voulais m’imaginer que la personne qui descendait était le concierge, mais un dimanche ce ne pouvait qu’être un enfant comme moi. Mes craintes furent vérifiées quand j’aperçus,  de ma cachette, un garçon de mon âge très grand et très maigre. Ses habits, sa physionomie, sa manière de marcher…. Tout en lui le faisait ressembler à un joueur de basket-ball des années 50. Ce garçon jeta un furtif coup d’œil dans le jardin pour voir s’il n’y avait personne et courut d’un bâtiment à un autre. Quelques minutes après, il réapparut accompagné d’un autre garçon beaucoup plus petit que lui mais largement plus gros. Ce nouveau garçon ne lâchait à aucun moment la balle de ses mains. Cette même scène se répéta deux fois de plus tandis que moi, caché derrière un arbuste, je me limitais à observer.

 Apparemment tout le monde était là : trois garçons et deux filles. Immédiatement, les trois garçons se mirent à jouer au football tandis que les deux filles jouaient à la corde à sauter. Je ne me considère pas une personne avec de la chance, tout le contraire. Je n’ai jamais rien gagné de la vie quoique aux cartes je gagne toujours ou je joue de telle manière que je gagne toujours. Ce jour-là la chance n’était pas de mon côté et la balle vint tomber juste à côté de moi. À l’instant, un garçon alla la chercher mais il fut très surpris en me voyant et il se mit à crier. Tous les autres enfants arrivèrent  et me regardèrent comme s’ils voyaient un extraterrestre. Après quelques minutes ils furent convaincus que je n’en n'étais pas un  et m’invitèrent à jouer avec eux.

            Après avoir donné cent coups de pied et arrêté une bonne vingtaine de tirs, je ne voulais pas quitter le jardin. Je voulais passer toute la nuit avec Antoine, Yves et Fabien. Mes parents furent très surpris en me voyant jouer avec d’autres garçons dans le jardin. Ce fut ainsi que je découvris que « l’eau », comme le dirait mon père, était un bon endroit pour jouer.


  Pablo Nieto, 2d 6, 2006, Madrid

 



Je suis le roi peut-être, c’est la question que je me pose depuis quelques semaines. Cela remonte au 28 février 1701, lors de ma visite à Paris pour vendre mes aiguilles. J’étais accompagné de ma charmante Elmire, ma femme depuis quinze ans. Nous habitons une modeste chaumière aux alentours de Caen. Celle-ci n’a jamais été habitée par des enfants, mais nous avons un chien, un grand chien qui fait parfois peur du fait de son énorme pelage très sale, plein de boue. Auprès d’eux, je mène une existence simple, qui ne m’empêche pas d’être heureux. Je me suis toujours considéré sain d’esprit, comme mon père. C’était la seule ressemblance entre lui et moi parmi toutes nos différences. En effet, j’étais tout son contraire. Il était plutôt petit trapu, poilu et blond. Etait-il vraiment mon père ?

Mais revenons à ma visite à Paris. Arrivée au marché, Elmire m’a aidé à mettre en place les aiguilles sur l’étalage.

Dans l’après-midi, nous avons appris que le roi allait défiler devant ses sujets. On a donc décidé d’aller le voir. Je ne connaissais pas sa figure, je le reconnus grâce â la couronne et en l’apercevant, je devins, à l’instant, tout blanc, tout pâle. Elmire s’était retournée, affolée, vers moi. Elle avait sûrement la même pensée que moi. Son regard confirma ma confusion : le roi et moi nous étions identiques…

 

David Hachuel 2d 6



            Le mieux serait d'écrire les évènements au jour le jour. Comme ça, je ne devrais pas maintenant reconstruire sur le papier une vie entière. Cependant, en faisant un petit effort, j'arriverai à raconter ce que me semble le moins ennuyeux sur moi.

            Je suis né le 15 mars 1990, vers midi environ. Á cette époque, mes parents sont plutôt gais et moi, pourquoi pas, aussi. L'accouchement s'est déroulé sans problèmes remarquables. Je me prépare à vivre dans le monde extérieur. Les gens semblent être tous agréables et on pourrait même dire qu'ils me placent au centre de leurs univers particulier. De la nourriture et des soins me sont dispensés en abondance. Il semble que j'ai de la chance, car quelques années plus tard, j'appris que seulement une petite partie des enfants qui naissent sur Terre jouissent de ces luxes.

            Après quelques jours de pur relax à l'hôpital, je suis emporté à ma nouvelle maison. C'est un endroit totalement inconnu et désespérément grand pour moi. Peut-être, en faisant une approximation mentale, on pourrait affirmer qu'un bureau était pour moi comme un immeuble de deux étages pour un homme adulte. Mais cela n'avait pas trop d'importance à ce moment-là, puisque mon principal objectif à cet âge est de dormir autant que possible.

            Je dus attendre en réclusion dans cet endroit le long de quelques printemps avec l'espoir d'acquérir les facultés basiques à tout être humain: marcher et parler. Cependant, cela n'impliquait pas évidemment d'avoir un discours cohérent ou de marcher vers des endroits autorisés. Ce n'est qu'après quelques dizaines de réprimandes que je commençai à voir vers où je devais orienter mon comportement. Il semblait que j'avais encore à apprendre des choses sur ce qu'on appelle le "sens commun".

            C'est pour cela qu'à l'âge de vingt-quatre mois environ je suis emmené à une espèce d'école très singulière: une crèche. Là, je n'appris rien sauf quelques mots utiles et aussi qu'on ne devait pas taper sur les autres. Ces années sont sans doute l'une des périodes de repos les plus longues dont un être humain peut profiter pendant toute sa vie. Les devoirs sont totalement inexistants, les travaux en classe, négligeables; et les personnes qui nous surveillent, aimables. C'est le cas diamétralement opposé à ce que je trouverai dix ans plus tard.


Miguel Diago, 2d 6, Madrid, 2006

 

           


 

 

            Je suis la femme réveillée. La différente, celle que personne ne comprend et celle qui ne comprend personne.

 

            Ma vie a toujours été étonnante. J’aimais penser que j’étais toujours en avance sur les autres, mais maintenant que je regarde les années vécues d’un autre point de vue, je découvre que je suis une étrangère dans ce monde, comparable à personne.

 
 

            Mon premier souvenir de la vie est même inusuel. D’autres se souviennent d’une promenade, d’une visite au zoo, d’un cadeau… Moi, par contre, je me rappelle ma première approche de la mort.

 

            J’avais trois ans, ma famille et moi nous étions en visite chez des amis à la campagne. Le salon se trouvait à l’étage et donnait sur un balcon. Les grandes personnes discutaient assises sur le canapé, et mon frère et moi nous jouions sur le balcon. Il est plus âgé que moi, et donc plus habile. Son jeu consistait à passer la balustrade de l’autre côté puis revenir. Moi, dans mon rôle de petite sœur, je l’imitais.

 
 
 
 
 

             Mais je n’avais pas la force des bras pour m’agripper ; c’est ainsi que je tombai d’un balcon d’environ six mètres de hauteur.
               Cette chute me sembla interminable. Deux secondes me parurent des heures. J’attendais qu’un héros de mes histoires vienne me sauver, mais quand j’arrivai au sol, où un arbuste m’accueillit, personne ne m’avait aidée. Dès que mes fesses entrèrent en contact avec cette plante molle qui me sauva la vie, je tombai dans l’inconscience.
                 
Mon père, du salon, m’avait vue chuter ; il se précipita immédiatement à l’extérieur et fit le tour de la maison pour essayer de m’arrêter. Il arriva une seconde après la chute. Il me prit dans ses bras, me réveilla et on m’emmena à l’hôpital.
            Je n’avais aucune fracture, aucune séquelle. Ma mère, qui n’a jamais été religieuse, parlait d’un miracle. Elle a toujours soutenu que chaque enfant a un ange gardien qui le sauve dans de nombreuses occasions et qui le protège.

 
 

            Et bien, c’est mon ange qui m’a sauvée, et non un héros, mais alors je ne le savais pas, et j’étais juste très déçue de ce qu’aucun  homme grand et beau, masqué et habillé d’un cape ne fût venu me sauver en volant.


 Clara  Rivero Sans, 2d 6, 2006, Madrid

 


 

 

Je suis témoin. Je suis le seul témoin de moi même. J´écris parce qu´ils ont laissé en moi une marque asphyxiante et ineffaçable. J´avais une sourde envie d´écrire mon histoire pour diverses raisons, de belles images me tiennent encore lieu de mémoire puis parrallèlement justifier ,mon enfance coupée en deux.

Je n´ai aucune chose à craindre, je n´ai jamais dit moins mais plutôt plus.

Je veux me montrer tel que je fus, aimable, vigoureux mais aussi arrogant et tyranique. J´ignore ce que je fis jusqu´à six ans, aucune réminiscence au sujet de mon attitude face à ma famille ou de mes exploits dans le jardín de mon oncle cherchant des calloux selon disait maman. Mais je dois insister sur l´incesssante tendresse reçue de ma mère, prête à me préparer pour pouvoir porter un jour la charge d´un vaste empire, héritage de mon père.

Chacun de mes pas me rappelle la valeur, aucune faiblesse. Je ne veux ici me couvrir de gloire, sinon au contraire souligner l´importance des faits majeurs, qui au cour du temps sont devenus une véritable harmonie pour la société. Avec mes nombreuses conquêtes, je ne cherchais autre chose que favoriser la naisssance d´une nouvelle pensée, créant ainsi un empire unifié sans aucune notion de frontière. J´ai voulu permettre une nouvelle perception de la civilisation. De tout ce que j´ai dit à présent, il me semble avoir oublier une chose répétais au long de ma jeunesse: une phrase mémorable, disant qu´il est plus digne d´un Roi de se vaincre lui-même que de vaincre des ennemis. Cette citation est restée toujours près de moi afin de ne jamais l´oublier.

 

Ana Maroto, 2d 6, Madrid, 2006

 

                    
    Je suis né au milieu du jour. Après neuf mois d’attente dans le ventre de ma chère mère. J’étais prêt à affronter ce nouveau monde. La réception m’avait l’air très singulière. Des silhouettes vêtues d’un uniforme blanc qui simultanément avec la lumière éblouissaient mes yeux. Cette situation me fichait mal à l’aise et j’entamais mes premiers cris. Je fus tout à coup enveloppé dans un linge et conduit dans les bras d’une jolie femme : ma mère.
      Après ma naissance, je vécus mon enfance dans laquelle j’appris à exprimer mes premiers mots. Des paroles que j’entendais tous les jours m’inspirèrent pour déclarer mes premiers mots. J’entamai aussi mes premiers pas avec un peu de difficulté mais, grâce à l’aide de mes parents, j’y arrivai.
    À l’âge de quatre ans, je découvris l’école. C’était pour moi l’occasion de me faire des amis. Je grandissais et je trouvais l’école de plus en plus difficile et les années de plus en plus courtes. À l’âge de six ans, j’appris à lire et à écrire. Enfin je comprenais tout, c’était la clé pour vivre dans le monde d’aujourd’hui. Mais ma vie n’avait pas vraiment de sens jusqu’à l’âge de quatorze ans. À cet âge-là mes vraies études démarraient et les sorties avec mes copains aussi. Enfin c’était le début d’une vraie vie pour moi. Mes parents se faisaient peut-être du souci mais ils me faisaient confiance et je me sentais plus responsable et de ce fait plus libre. À l’age de seize ans, mon futur dépendait de mon choix dans les études.
     Ferais-je le bon choix ?


 

                           
                

         
Je suis le roi, peut-être. C’est ce que j’ai pensé quand je suis revenu. J’étais à côté du vieux garage où on   se tenait           avec nos armes. Ce vieux garage qu’on avait loué grâce à Joe, qui était plus riche que la reine d'Angleterre. C’était notre lieu de détente et c’est où tout a commencé. Je me souviens de tout.

         Quand j’avais quinze ans, j’ai dit à mes parents que je voulais jouer de la guitare. Ils étaient très surpris, mais ils m’ont dit que c’était une bonne idée. Je me souviens que mon père m’avait acheté une Fender Stratocaster d’occasion. Je joue toujours avec cette Fender, c’est ma préférée. Elle a grandi avec moi. Elle de couleur rouge et blanche, je pense que c’est les couleurs les plus belles pour cette excellente guitare. La première fois que j’ai touché ses cordes, j’ai senti que je prenais quelque chose de précieux, comme si je touchais les portes du paradis. Cette guitare était seulement réservée à quelques personnes. Des grands guitaristes, comme Pete Townshend (qui en détruisait aussi beaucoup) ou Jimi Hendrix, jouaient habituellement avec cette guitare. Je pense que c’est comme une arme ou une chose avec laquelle on peut se battre contre les injustices. Bon, je crois qu' apprendre à jouer de la guitare m’ a aidé à mûrir.

        Je devais avoir un bon professeur de guitare, et pour cela j’ai dû aller voir aux meilleurs magasins de musique de la ville pour en chercher un. Je n’ai rien trouvé, c’était trop cher. Mais après avoir cherché des heures et des heures, j’ai trouvé une petite annonce d’une personne, qui jouait depuis vingt ans dans les groupesles  plus populaires de la ville. Je l’ai appelé et il m’a dit qu’il donnait des cours particuliers car il avait laissé son groupe et  n’avait pas d’argent. Il s’appelait Syd.

     Après avoir été une année à bien apprendre la guitare avec Syd, il m’avait dit que je devais créer un groupe. Le lendemain, au lycée, j’ai mis une petite annonce dans le journal Le rendez-vous était la semaine suivante chez moi pour pouvoir choisir les membres du groupe.

    Ils étaient venus. Ma mère voulait leur offrir quelque chose mais je lui ai dit de ne pas me ridiculiser. Il y avait huit personnes: Pierre, batteur, Joe, guitariste, Jean, bassiste, Franck, trompettiste, Benjamin, pianiste, Émile, guitariste, Raphaël, batteur et Mickaël, saxophoniste.

    Aucun chanteur n’était venu. D’abord, on a joué tous ensemble pour voir ce qui se passait. Après, j’ai fait jouer une pièce à chacun. J’ai vu que Pierre et Jean étaient de très bons musiciens, je leur ai dit qu’ils étaient dans le groupe. À la fin, j’ai incorporé aussi, comme second guitariste. Les autres étaient très mauvais.

Il nous manquait un chanteur. Une heure après que tout le monde était parti, une personne de mon âge arriva. Il voulait être le chanteur. Il s’appelait Marc. Il était très bizarre. Il avait des cheveux mal coupés, des petits yeux verts, et une bouche comme une piscine olympique. On est montés dans ma chambre et je lui ai demandé de chanter une chanson. Il chantait d’une façon bizarre, car il mélangeait les sons aigues et graves, mais il le faisait bien.

Le lendemain, je l’ai appelé et je lui ai dit qu’il était dans le groupe. 

           Juan Fernández de Aguirre


 
 Je ne suis rien. Je m’en suis aperçu après beaucoup d’années.

 J’ai trente-cinq ans mais le chagrin, la mélancolie et la tristesse que j’ai ressentis depuis huit ans m’ont fait vieillir démesurément.

 J’ai toujours été une personne courante, avec mes défauts et mes qualités. Je suis né à Paris en 1971 dans une famille de classe moyenne.

 Je me suis marié en 1996 avec Marianne, une femme merveilleuse, belle, aimable, affectueuse, enfin, pour moi elle était parfaite.

 Tous les soirs, après une dure journée de travail, j’arrivais chez nous, où Marianne m’attendait avec le dîner préparé. On avait une relation parfaite et on s’amusait beaucoup ensemble en nous racontant nos journées.

 On peut dire que tout allait bien jusqu’au moment où Marianne a changé d’attitude. Elle ne me racontait plus rien et arrivait très tard le soir.

 Cela a duré trois semaines et, un jour qu’elle est arrivée à minuit, j’ai décidé de lui demander quel était le problème entre nous pour essayer de changer ce qui lui déplaisait.

 Marianne s’est mise à pleurer lorsque je lui ai posé des questions. J’ai essayé de la consoler, mais rien n’arrêtait ses pleurs.

 Après un long moment, elle m’a confessé qu’elle était amoureuse d’un autre homme. Une secousse m’a parcouru le cœur. Je ne croyais pas ce qu’elle venait de dire. Ce n’était pas possible, Marianne, ma femme, mon seul amour, la future femme de mes enfants, amoureuse d’un autre homme ?

 Pendant que je regardais dans ses yeux, espérant trouver quelque chose qui me dirait que ce qu’elle venait de me dire n’était pas vrai, je devenais complètement fou. Qu’allais-je faire maintenant ? Que penser ? Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle. Je l’aimais trop pour la laisser partir.

 Tous nos moments ensemble sont passés devant mes yeux, la première fois qu’elle m’a dit qu’elle m’aimait et que cela ne changerait jamais, les moments que nous avons passés à nous regarder dans les yeux, en silence, sans dire un mot, ses caresses, notre mariage, son sourire…Un horrible creux me perça entièrement. Je ne sentais plus, mon estomac se referma et tous mes membres perdirent leur force.

 Je l’ai regardée, elle était angoissée et j’ai vu qu’elle avait pitié de moi ; mes yeux pleuraient.

Depuis ce jour, je ne suis rien.

 

 Marina Cuesta, 2d 6


 


    
Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même
. La vie est un long chemin que chacun construit pour arriver à une fin commune à tous les hommes : la mort. C’est pour cette raison qu’on doit vivre chaque jour comme si c’était le dernier puisque c’est le chemin, la manière dont il est tracé, la matière avec laquelle il est fait, et les obstacles que tu y trouves qui comptent réellement. Le but finalement n’est pas intéressant, on le connaît déjà.

    Je n’ai pas peur de la mort. J’ai peur de la vie, de l’éternité, de perdre ce sourire innocent et ces envies de vivre.

    Je sais qu’un jour je mourrai et je disparaîtrai de ce monde pour rester dans la mémoire de ces gens qui ont donné un sens à ma vie. Puis je mourrai aussi dans l’oubli. Personne ne saura qui je suis, aucune trace ne prouvera mon existence et ce sera à ce moment où ma vie sera la plus pleine puisque je serai le seul témoin. La seule coupable de mes erreurs, la seule gardienne de mon secret. Aujourd’hui,  je me suis levée et j’ai su  que j’allais mourir. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce ce rayon, si vif, si brillant qui a ouvert mes yeux plus délicatement que jamais. Ou peut-être ce ciel rose, ces nuages orange, ce mélange de couleurs qu’a dessinés le soleil en se levant ; ce vent frais ; cette odeur de vie.

    Aujourd’hui j’ai su que j’allais mourir. Je l’ai désiré. J’ai su que je ne reverrais jamais un jour aussi beau que celui-ci et que jamais une larme ne s’échapperait de mon visage enchanté par cette image.

    Vous savez que je n’ai jamais essayé de me faire comprendre. Aujourd’hui tout est différent.

    Je voudrais que vous compreniez. Je voudrais que vous vous asseyiez près de moi, que vous séchiez ces larmes infantiles et que vous regardiez.

    Aucune explication n’est possible. Vous resterez ainsi des heures jusqu’à ce que le ciel se teinte de deuil. Vous vous réjouirez enfin qu’un jour comme celui-ci j’ai pu connaître la paix, qu’un jour comme celui-ci j’ai pu  dessiner dans le ciel une étoile de plus.

   J’ai raconté ma fin, maintenant je vous expliquerai comment tout a commencé.

   Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même.

 

Clara González, 2d 6, 2006, Madrid


 

 

Je suis l’envers du monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que j’ai pris cette décision depuis que je suis apparue dans ce monde.

Mes parents m’appelaient le noir du blanc. C’était tellement  drôle pour moi de voir comment me amies s’énervaient  quand elles voulaient jouer aux princesses alors que je préférais jouer avec les garçons de ma classe. Je trouvais aussi drôle d’être le contraire des professeurs, mais ceci malheureusement a ses conséquences et on ne peut pas toujours finir par tout gagner. Il est vrai qu’on doit toujours faire ce qu’on nous dit, surtout s’il s’agit d’adultes qui nous éduquent, mais ne me dites pas que vous n’avez jamais eu, une fois dans votre vie, l’envie de faire le contraire de ce qu’on vous disait, d’essayer d’aider un ou plusieurs amis à résoudre leurs problèmes en faisant ce que celui-ci ou ceux-ci n’oseraient jamais faire.

Il est vrai que des fois, ce jeu nous met dans beaucoup de problèmes, mais si jusqu’à ce jour je m’en sors dans la vie étant l’envers de tous, pourquoi pas vous ?

Je vais vous raconter mon histoire mais, avant, je veux que vous sachiez un petit détail qui vous servira tout au long de votre aventure dans ce monde où nous sommes tous très différents même si la majorité d’entre nous refuse cette idée.

Comme je vous l’ai dit, je vous raconterai mes souvenirs. Peut-être que la personne qui est en train de lire cette histoire pensera qu’il ne s’agit pas de ma vie ou que j’invente tout. Je respecte cette pensée, mais il faut savoir que chacun se rappelle d’un même évènement d’une façon différente, des moments, images, sons…qui pour quelques uns sont d’une façon alors que pour le reste ils le sont d’une autre qui peut être complètement différente.

Mais une histoire est créée grâce à tous ces souvenirs.

Voici ma version qui plaira à quelques uns et en dégoûtera d’autres vu que je dis ce que je pense, des fois de façon très brutal,e sans imaginer les conséquences qui ne sont pas toujours bonnes ; mais je souhaite qu’après avoir lu,  vous ayez découvert que c’est très important dans la vie d’avoir confiance en soi, de lutter pour un idéal avec modération, même s’il faut être l’envers du monde. En fin de compte, on est tous différents les uns des autres et on ne doit jamais avoir peur de ce que l’on pense parce que ce serait avoir peur de soi-même.

           Voilà, j’ai donné toutes les instructions qu’il faut pour lire cette histoire. Maintenant tout est dans votre main et votre cerveau. Le jeu commence…

 

      Randa Medina,  2d 6, Madrid, 2006


 



 

    Je suis sorti des bosquets du sommeil. J’ai enfin réussi à échapper à ce tourbillon d’images d’où je ne pouvais m’enfuir. C’était comme une vie dans la vie. Tout était si réel, si fort dans mon esprit,  qu’il me fallut beaucoup de temps pour discerner le vrai du faux. J’étais comme détenu par un monde que je connaissais mais qui ne voulait pas me relâcher. Je voyais ma vie se dérouler dans cet univers qui semblait vrai à mes yeux mais qui m’emprisonnait petit à petit sans que je puisse me défendre. C’était comme si mon esprit avait voulu me garder, me préserver de cette société cruelle qui est la mienne et me plonger dans un sommeil profond pour que je sois épargné de ce qui arrivera à chaque homme, femme ou enfant qui aurait le malheur de s’enfoncer définitivement dans les entrailles de ce monde.  

  

Thibaut Legrand, 2d 6, Madrid, 2006           

 


 

 

 Je suis celle qui refuse de comprendre. J'ai refusé de comprendre que le monde n'était pas comme on voulait nous faire croire à l'école qu'il est, mais plein d'inégalités.

Je n'ai pas voulu admettre les différences culturelles entre des pays d'une origine commune. J’ai prétendu nier les grandes différences entre l'éducation “européenne” que j'ai reçue et l'éducation religieuse et traditionnelle de la plupart de jeunes de mon pays. Je les rencontre, ces différences, lorsque chaque été je fais connaissance de jeunes de mon âge. Ils conservent trop les coutumes traditionnelles ce qui provoque une tendance à se renfermer dans leur propre pays. Ils ne parlent que leur langue maternelle et n'acceptent pas d'en apprendre une nouvelle. Ils refusent ce qui provient de l'étranger parce qu'ils le prennent comme un danger et se méfient. Je sens que les jeunes issus de la classe moyenne ne vont jamais connaître rien de nouveau s'ils ne laissent pas de côté les traditions et oublient les préjugés. Les plus nombreux sont attirés par l'étranger mais n'osent pas manifester leur désir, comme mon amie Alicia. Elle souhaite visiter le Louvre à Paris mais elle ne propose  le voyage à personne car elle sait qu'on va s'y opposer sous prétexte de manque d'argent.

L'argent est aussi une inégalité, mais celle-ci sans frontières. Une petite partie de la population mondiale concentre la plus grande somme d'argent tandis que le reste du monde subsiste dans la misère. Pourquoi des gens sont si riches? Pourquoi les filles du multimillionnaire Hilton peuvent-elles faire le trajet New York- Paris chaque week-end et Alicia, qui veut enrichir ses connaissances, ne peut-elle pas visiter le Louvre? Ce n'est pas juste.

Pourquoi, si l'homme est bon par nature, perd-t-il tous ses scrupules et son âme en matière politique et économique? J'ai mis toute ma vie pour reconnaître que l'homme est  aussi égoïste par nature.

En Afrique, des millions de petits enfants crèvent de faim et à l'autre extrémité du monde la Reine d'Angleterre gaspille des tonnes de nourriture dans la fête de son anniversaire. Pourquoi la société d'aujourd'hui refuse-t-elle d'être solidaire?

Quand on est petits, on nous répète qu'il faut aider les autres. Pourquoi lorsqu'on grandit on oublie tout ça? On croit qu'être adulte revient à se renfermer en soi-même. J'ai refusé de comprendre tout cela mais j'ai grandi...Les différentes situations que j'ai vécues m'ont aidé à voir les défauts du monde. Je suis déçue mais j'ai dû les comprendre.

 

 Irene Casado, 2006, Madrid

 


II  INCIPITS DE ROMANS



Hugo Roquero
Luís Antón 2d 6
Diana Sánchez 2d 6
Maryline Souche 2d 6
Mónica Barrio
Louise Lecaros 2d6
Ignacio Navarro 2d 6
Clara Espinosa 2d 6

 

 

 

 

      Les deux jeunes gens tuaient le temps dans la gare centrale de Rome. Lars et Thomas étaient deux hollandais qui, ayant achevé leur scolarité, avaient pris un ticket de l’Inter rail dans le but de faire le tour de l’Europe en quête d’aventures, avant de commencer les études universitaires dans leur pays natal. Ils avaient commencé par visiter les pays du nord de l’Europe puis avaient traversé tous les pays de l’est, et étaient enfin arrivés en Italie, à Rome, qui était l’avant-dernière étape de leur voyage, avant de passer par la France puis revenir chez eux. Cela faisait plus de trois semaines depuis le début de leur tournée, et ils avaient déjà vécu des expériences qu’ils n’oublieraient jamais, rencontrant des dizaines de personnes intéressantes et visitant les endroits les plus célèbres du continent. Mais, au cours de leur circuit, ils avaient abusé du peu d’argent qu’ils possédaient, ce qui, ajouté à une mauvaise rencontre faite en Bulgarie, signifiait qu’ils étaient arrivés au bout de leurs ressources en sortant de la Slovénie. Ils comptaient alors sur la bonne volonté d’un ami qu’ils avaient à Rome et qui, sans doute, leur prêterait suffisamment d’argent pour pouvoir survivre en Italie et en France, et leur offrirait un logement pendant leur séjour dans la capitale italienne.

      C’est ainsi qu’ils attendaient cet ami, Alessio, depuis plus d’une heure, assis sur un banc de la gare et fatigués du long voyage et de l’attente. Lars jouait avec un petit manège qu’il avait acheté dans un marché aux puces d’Athènes, et Thomas sommeillait un peu, tandis que leur impatience et leur préoccupation augmentaient. Comment se pouvait-t-il qu’Alessio eut oublié leur rendez-vous ? Il constituait leur seul espoir de pouvoir subsister jusqu’à leur arrivée à Amsterdam, et cette pensée les tourmentait tous les deux. Ils étaient résolus à ne pas demander plus d’argent à leurs parents, ce qu’ils avaient déjà dû faire à deux reprises, et ce que leur orgueil ne leur permettait pas de répéter à nouveau. Ils devraient quand même être capables de finir un voyage d’un mois tout seuls, sans avoir recours à leurs parents !

      L’attente se poursuivit pendant une heure encore. Ils se décidèrent finalement à aller à la recherche de leur ami italien. Ils avaient déjà essayé de communiquer avec lui par téléphone à plusieurs reprises sans succès et ils résolurent de chercher son adresse dans un annuaire, mais ce fut à nouveau un échec. Ils étaient alors furieux du manque de responsabilité de leur ami et se demandaient ce qu’ils pourraient bien faire dans une ville inconnue, sans argent, sans abri, dans des conditions d’hygiène lamentables, et sans parler un mot d’italien ! Le pire de tout était qu’ils devraient subir cette situation pendant plus d’une semaine, car ils auraient le même problème à Paris.

     Thomas eut alors l’idée d’aller dans un cybercafé pour envoyer un courrier électronique à Alessio en le priant de se mettre en contact avec eux le plus tôt possible. Ils avaient besoin pour cela d’un euro qu’ils cherchèrent sous les machines de coca, où les gens ont tendance à perdre leurs monnaies. Ils réussirent enfin à réunir l’argent nécessaire après avoir trouvé plusieurs pièces de dix et vingt centimes, et ils envoyèrent le message, sans trop d’espoir étant donné que leur ami n’avait pas répondu à l’appel téléphonique. Ils attendirent pendant une heure devant l’écran de l’ordinateur mais aucune réponse n’arriva et ils durent abandonner l’usage de la machine puisqu’ils n’avaient plus d’argent. Ils commençaient à désespérer, ne voyant pas comment ils pourraient sortir de cette situation inquiétante. À cette angoisse s’ajoutait une faim croissante, car il était déjà quatre heures de l’après-midi et ils n’avaient rien mangé depuis le matin. Il y avait aussi le problème de la fatigue : après trois semaines de voyage, dormant mal et portant toujours avec eux des sacs excessivement lourds, ils étaient accablés. Mais ils devraient sans doute se débarrasser de plusieurs de leurs affaires pour se payer une pension ou un hôtel, s’ils ne trouvaient pas Alessio.

     C’est alors que Lars s’exclama : »Il nous a peut-être laissé un message ! Allons voir à la réception de la gare ! ». Les deux jeunes gens sortirent en courant en direction du centre d’information de la gare de Rome, mais leur espoir momentané s’évanouit rapidement, lorsqu’ils apprirent qu’il n’y avait aucun message pour eux. Ils vaguèrent alors sans direction à l’intérieur de la gare, anxieux pour leur devenir. Soudain, Lars eut une nouvelle idée. Il se rappela que l’été précédent ils avaient fait connaissance d’Alessio, qui séjournait en Hollande, à travers d’un de leurs amis, Robbe, qui les avait présentés. Robbe connaissait Alessio depuis longtemps et il saurait sans doute son adresse et son numéro de portable. Lars l’appela donc en P.C.V. et il accepta l’appel. Robbe leur fournit les deux informations que Lars demandait. Thomas, qui avait encore du crédit dans son portable, appela Alessio, mais le portable était éteint. Les deux hollandais prirent donc la décision d’aller trouver l’italien chez lui.

       La maison de l’italien était située à plusieurs kilomètres de la gare, ce qui faisait que les deux amis étaient forcés de trouver un moyen de locomotion. Ils décidèrent alors de prendre un autobus qui les laissait à quelque centaines de mètres de la maison, puis de faire le reste à pied. Ils durent donc entrer dans l’autobus sans payer et passèrent inaperçus par le chauffeur, ce qui ne fut pas très difficile car le bus était saturé de passagers.

      Au bout d’une demi-heure, après avoir marché quelques minutes, Thomas et Lars arrivèrent devant l’immeuble où habitait Alessio. C’était un ancien bâtiment à cinq étages, à la façade délabrée, situé dans un quartier assez pauvre. Les escaliers qui menaient à l’entrée étaient à moitié défoncés, et les jeunes gens eurent de la peine à les escalader. Une fois à l’intérieur de l’immeuble, les deux compagnons cherchèrent en vain un concierge sur le rez-de-chaussée, puis essayèrent de deviner le numéro de l’appartement de leur ami italien sur les boîtes à lettres, mais les noms des propriétaires étaient la plupart effacés ou pas inscrits. Leur seule issue était donc d’aller d’étage en étage jusqu’à trouver celui d’Alessio, ou, au moins, celui de quelqu’un qui sût où il habitait.

        Ils montèrent donc au premier étage où ils furent reçus par une vieille femme qui sans doute était folle ou sénile puisqu’elle commença à crier en les chassant de chez elle à coups de balai. Ils durent échapper en courant pour ne pas recevoir une bastonnade, sans avoir le temps de vérifier si l’appartement contigu à celui de la vieille femme appartenait à Alessio.

        Ils passèrent alors au deuxième étage et eurent le même succès. Un des appartements était loué par un chinois qui ne comprenait ni l’anglais ni le hollandais, et même pas l’italien, et l’autre était vide. Décidemment, ce n’était pas une bonne journée pour les deux amis. Ce n’est qu’au troisième étage qu’un voisin put les renseigner sur Alessio. En effet, un jeune homme anglais qui avait à peu près leur âge connaissait assez bien Alessio car ils étaient camarades à l’Université de La Sapienza. Mais les nouvelles qu’il transmit ne furent pas encourageantes pour les deux hollandais. Apparemment, leur ami italien n’était pas allé à l’Université depuis deux jours, mais son voisin et camarade ne s’était pas inquiété car Alessio, disait-il, manquait fréquemment aux cours. Par contre, Thomas et Lars s’alarmèrent car ils avaient parlé avec le jeune italien trois jours auparavant, et il semblait en très bonne santé. Malgré cette crainte commune aux deux amis, aucun n’osait la prononcer à voix haute, par peur que leurs pires présages ne s’accomplissent. Thomas enfin exprima son envie de vérifier que tout allait bien chez Alessio et d’élucider les motifs de son absence au rendez-vous. Ils prièrent le jeune anglais de les guider vers la demeure de leur ami, ce qu’il fit aussitôt.

       L’appartement était en réalité une des mansardes et se situait au-dessus du cinquième étage. À mesure qu’ils montaient, les cœurs des deux amis battaient de plus en plus fort, et ils avaient un nœud à l’estomac, signe de leur peur croissante, accentuée par l’ambiance lugubre de ce qui les entourait. Cette courte ascension leur sembla interminable et au bout d’un moment ils n’entendaient plus que le craquement des escaliers en bois sous leurs pieds. Ils arrivèrent enfin à l’étage des mansardes et s’arrêtèrent brusquement devant la porte de la chambre d’Alessio. Aucun des deux amis hollandais ne semblait décidé à frapper à la porte et même l’Anglais, qui semblait si indifférent auparavant, se tenait à l’écart, pris d’une soudaine frayeur. Enfin, Thomas prit courage et leva le poing pour frapper à la porte, mais au moment où il toucha le bois, elle s’ouvrit toute seule lentement…

Hugo Roquero 2d 6



LES FUGITIFS  (titre possible)

 

A présent, nous étions sûrs de nous en tirer. En effet, la prison de Batillon, où Jean, Thomas, et moi-même étions injustement incarcérés, se trouvait à quelques dizaines de kilomètres. Nous marchions depuis des heures direction Nord-Est, vers Menton, un petit village situé au bord de la Seine où nos familles respectives nous attendaient les bras ouverts dans nos humbles demeures.

Au moment où l’on se réunit avec les nôtres, on expliqua rapidement la facilité avec laquelle on s’était échappés, autour d’un délicieux repas où le vin rouge et la dinde farcie étaient en abondance. Jean fit remarquer que nous n’aurions jamais réussi notre fuite sans l’aide des autres prisonniers, qui faisaient essentiellement diversion. Thomas répliqua que notre fuite n’avait été possible qu’en tenant compte de l’incompétence du personnel de la prison, et de la précarité des moyens de celle-ci.

Ma mère ne participait pas à la conversation. Depuis le début du festin, elle paraissait captivée par mon aspect détérioré. Ses grands yeux ronds fixaient mes maigres poignets et la pâleur de ma tête.  Maman, de manière quasi automatique, remplissait mon assiette ainsi que mon verre en  répétant d’une petite voix « Frank, mange… mange encore un peu, t’en as vraiment besoin ! » chaque fois que mon ventre affamé avalait un plat de plus.       

   Aucun de nous ne voulait rester à jamais dans la clandestinité, caché dans la maison pendant toute la journée, craignant, à chaque instant, l’arrestation, en imaginant… que notre liberté s’en irait aussi vite qu’on l’avait regagnée quelques heures plus tôt. De plus, il y avait beaucoup de monde que l’on désirait revoir, mais auprès d’eux, on risquait  de se faire dénoncer, après toutes les rumeurs qui circulaient depuis notre emprisonnement. C’est pourquoi on décida d’ouvrir notre petite enquête  qui permettrait d’envoyer en prison les véritables assassins de Jean-Claude, le maire du village, ainsi que de démontrer notre innocence.

Luis Anton, 2d6, Madrid, 2006




                 Adeline Serpilllon appartenait à cette écrasante majorité des mortels qu’on n’assassine pratiquement pas.
Elle vivait seule avec son chat dans une maison jumelle d’un petit village, n’avait jamais voyagé et toutes les connaissances de l’extérieur qu’elle possédait, elle les avait apprises de sa mère. Pour Adeline, tout se limitait à une seule et insignifiante phrase que sa mère lui avait répétée constamment avant de mourir :   « Marie - toi et jamais tu ne seras seule ».

Cependant Adeline ne parlait jamais avec personne et n’avait pas d’amis. En outre, elle n’était pas gracieuse. Ses yeux étaient saillants et son nez aquilin. Tandis que ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air peu soigné. Adeline rêvait d’un prince charmant qui l’emmènerait avec lui, mais les années passaient et cet homme merveilleux n’apparaissait pas. Que dirait sa mère si elle voyait sa fille à l’âge de   trente – cinq ans sans s’être mariée ? Ce serait une honte terrible pour la famille !

            Un jour, son chat Milou s’échappa et grimpa à un arbre du jardin. Adeline, qui avait peur des hauteurs, alla frapper la porte de son voisin. Jean, qui était le célibataire le plus apprécié de la zone, accepta aimablement d’aller chercher Milou. Il prit une échelle et la posa sur l’arbre. Puis, avec agilité, il prit le chat. Mais soudain, Milou, transformé en une bête féroce, lui sauta à la tête. Le pauvre Jean ne voyant rien, finit par tomber de l’échelle. Le résultat ? Une jambe et un bras cassés, en plus de nombreuses égratignures causées par le fauve d’Adeline.

            Se sentant coupable de l’accident de Jean, Adeline prit la dure décision de s’occuper de son malheureux voisin. Elle commença par lui apporter de la nourriture et par lui lire quelques romans, jusqu’à ce qu’elle s’installe définitivement chez lui.

            Tout le voisinage, qui ne s’était jamais préoccupé pour Adeline, pensait maintenant qu’elle était très solidaire en supportant cette charge. Mais Jean n’était pas du même avis. Lui, qui pouvait à peine bouger de son lit, avait vu comment Adeline avait envahi la maison peu à peu. Le pire arriva quand son ami le facteur lui dit qu’il y avait dans le voisinage une rumeur d’un possible mariage entre lui et la Serpillon.

            Cette idée commença à lui ronger la tête. Non, ce n’était pas possible. Et si ?... Peut être croyait-elle qu’elle lui plaisait ! Mais ce n’était pas vrai ! Quelle horreur ! Il ne pourrait pas souffrir sa voisine le reste de ses jours. Il fallait faire quelque chose. N’importe quelle idée absurde était valable pour se débarrasser de cette plaie qui portait le nom d’Adeline Serpillon. Sans oublier son

Diana Sánchez 2d 6, Madrid, 2006      

 


                                               

            Il y avait d’abord ce visage allongé par quelques rides verticales telles des cicatrices creusées par de lointaines insomnies, un visage mal rasé, travaillé par le temps. Malgré cet aspect fatigué, ce visage n’avait jamais perdu l’image du révolutionnaire infatigable. Cet homme, trop vieux et trop fou pour rester seul, avait pour seule compagnie sa petite-fille Sylvia. Elle n’avait que dix ans et adorait s’occuper de son grand-père. Il était sûrement trop vieux pour la vie qu’il menait, mais son esprit jeune ne périrait jamais. En effet il croyait être encore jeune, Sylvia avait essayé de lui expliquer tellement de fois que rien n’était comme avant que, finalement, elle avait décidé d’écouter ses histoires sur le reste du monde, tout cet univers caché derrière la mer qui entourait la petite île des Antilles où elle habitait. Jamais personne n’avait tenu compte de son grand-père, mais Sylvia écoutait avec admiration tout ce qu’il savait. Souvent elle s’imaginait en Europe ou en Asie et ne faisait que semblant d’écouter son grand-père. Elle rêvait souvent d’une vraie vie où tout serait facile sans être enfermée dans cette île emprisonnée par l’eau.

            Sylvia avait dix ans, mais elle semblait n’en avoir que sept, à cause de sa petite taille et de ses forces d’enfant sous-alimentée. Elle avait de longs cheveux noirs frisés et une peau douce, dont la couleur était celle du caramel. Ses grands yeux noirs avaient vu trop de pauvreté et de violence, ils avaient perdu trop tôt leur éclat, pour ne montrer que la souffrance d’une enfance perdue. Son sourire était le seul brin de tendresse que gardait son visage, mais Sylvia n’aimait pas sourire, elle trouvait que la joie était trop hypocrite dans sa vie de ténèbres. Elle ne gardait son sourire que pour son grand-père quand il lui faisait voir d’autres mondes. Le petit corps fragile de Sylvia montrait la faim quelle supportait par orgueil, selon tout le monde, mais pour elle, c’était par honneur. Ses mains étaient déjà vieilles à cause du travail à la maison. Ses jambes et ses pieds, couverts de petites blessures, souffraient depuis toujours la marche de longs chemins sans chaussures, mais Sylvia avait pris l’habitude de la souffrance. Tout en elle rappelait les mendiants et faisait pitié.

            Malgré son jeune âge, Sylvia savait bien que sa vie était injuste. Son travail était celui d’une femme au foyer. Elle s’occupait du ménage et de la cuisine, cette vie d’adulte l’empêchait de montrer son enfance, mais tout s’évanouissait lors de ses rêveries.

            Pour rêver, Sylvia choisissait les endroits les plus secrets de cette petite île des Antilles, où elle se cachait pour s’enfuir entre les parfums des mangues, des ananas et des papayes ; et les couleurs des perroquets. Cette ambiance l’aidait  à voir que tout de même elle aimait cet endroit. Mais la vérité était très différente et il y avait beaucoup de défauts qu’elle aurait aimé changer, surtout les touristes qu’elle n’avait jamais aimés. Cette île était l’abstraction d’innombrables touristes, qui remplissaient toute l’année les plages de sable blanc et d’eau claire toujours chaude.

            Sylvia voulait souvent partir, mais surtout quand elle était avec sa famille qui n’avait aucune attention pour elle. Sa mère avait eu une enfance comme celle de sa fille, ce qui l’avait transformée en une personne dure qui semblait avoir perdu le cœur. Cela faisait peur à Sylvia, elle ne voulait pas devenir comme sa mère. Cette femme devait travailler pour sa famille de cinq enfants dont aucun ne dépassait les quinze ans, mais tous travaillaient sauf Sylvia, qui était-là pour les aider tous.

            Mais l’argent n’était pas suffisant et la mère avait décidé de se défaire de tout ce qui n’était pas indispensable. Cela comprenait aussi son père, auquel elle avait menti et qu’elle avait abandonné. Toutes les plaintes de Sylvia furent inutiles mais trop fatigantes pour sa mère. Sans que Sylvia soit au courant, sa mère avait pris la décision d’accomplir son rêve : elle irait en Europe, mais comme esclave d’une famille de touristes auxquels Sylvia avait été vendue. Sans comprendre, la petite fille fut un matin réveillée qui la poussait hors de chez elle sans lui donner le temps d’avoir une explication ni de dire au revoir. Dehors il n’y avait qu’une petite fille de son âge qui l’attendait avec un sourire faux qui lui inspirait déjà une profonde haine.  

     Marilyne Souche, 2d 6, Madrid, 2006


           
     
Je suis une cigarette.
Suite à une longue série de réflexions sur ma propre personne, je suis arrivée à cette conclusion. Ma vie est très semblable, pour ne pas dire identique, à celle d’une cigarette quelconque.

Je ne veux absolument pas vous convaincre, ni vous faire changer d’avis sur le sens de votre vie. Mon seul désir c’est d’exprimer mes sentiments et mes pensées ouvertement pour, peut-être, me libérer. Je dis peut-être car je n’ai jamais fait cela auparavant et je ne suis pas sûre des résultats que j’obtiendrai. Ce qui m’a poussée à écrire mon autobiographie c’est une accumulation excessive d’ennuis, accompagnée d’un besoin très égoïste de paix interne.

         Après avoir éclairé les raisons de cette rédaction, je poursuis mon analyse personnelle. Les cigarettes sont toutes pareilles à première vue. Elles ont un filtre et du papier qui enroule le tabac. Les hommes et les femmes aussi. En général ils ont deux jambes, deux bras, une tête… mais si l’on observe plus précisément, il n’existe aucune personne complètement identique à une autre. Chaque cigarette porte un petit détail interne qui établit une unité. Comme tous les humains. Ils ont les yeux, les cheveux, la peau de couleurs différentes, un type de sang spécifique et un ADN complètement personnel.

         D’autre part, les cigarettes appartiennent à une marque déterminée depuis leur naissance jusqu’à sa mort. Les hommes aussi, dès que nous arrivons au monde, on nous qualifie et nous sommes rangés par classes sociales.

         De plus, il y a plusieurs types de cigarettes, des bonnes et des mauvaises, comme les hommes. Il y a des personnes généreuses, aimables… mais aussi des personnages égocentriques et égoïstes.

         La vie des hommes est comme celle d’une cigarette rangée dans sa boîte attendant le jour où quelqu’un arrive et l’allume. Pour moi c’est pareil, j’attends le moment où quelqu’un allumera ma vie. J’ai l’espérance, ou le désespoir, que quelqu’un me trouve et change ma vie, quelqu’un qui me fasse réagir et m’élance au sommet de mon existence. Cette espérance se transforme souvent en désespoir puisque, dès le moment où on allume une cigarette, elle se consume et sa vie commence à finir. Pourquoi serait-ce différent pour moi ? Je n’ai trouvé aucune raison logique. Lorsque j’atteindrai le sommet de ma vie, la course décadente qui a pour but la mort débutera.

         Moi, je n’ai pas peur de la mort.

 Mónica Barrio Díez, 2d 6, Madrid, 2006
  


Je suis une cigarette, qui se consume au fil du temps mais qui en a perdu la notion. Chaque matin, lorsque je me réveille, je suis dans cette chambre et le soir, je m’endors aussi dans la même pièce. En fait, je passe mes journées dans ce dortoir fermé à clef de l’extérieur. Je demeure ici depuis trois mois, non! Plus, six mois ? Non ! Je ne sais plus, depuis longtemps. Cette pièce est composée de quatre murs, un lit, un bureau, une table de nuit et un petit cabinet avec un miroir qui d’ailleurs n’est plus là puisque je l’ai cassé pendant un moment de colère. La tapisserie des murs est vraiment originale. Je n’ai jamais rien vu d’aussi laid. Je ne sais même pas comment la décrire. C’est une sorte de serpent bleu d’où sortent des roses et des feuilles. J’oubliais : ma chambre a une fenêtre qui a vue sur un mur bleu, ce qui donne l’impression qu’il fait beau, mais c’est faux puisqu’il pleut toujours dans ce pays étranger. Je dis bien étranger car je ne sais même pas où je suis. Cela paraîtra un peu bizarre mais je ne connaîs ni ces personnes qui de temps en temps m’interrogent ni la langue qu’ils utilisent. La question que je me pose le plus souvent est : pourquoi suis-je ici ? Cette question tourne dans ma tête sans réponse. Qu’est-ce que j’ai fait pour être ici ? À vrai dire, je n’en sais rien car avant d’être ici, j’étais une personne solitaire qui travaillait dans un magasin. En parlant du magasin, je dois écrire à mon chef pour l’informer que je suis ici, même si c’est un peu tard, après tant de temps. Mais je n’ai jamais pu faire cette lettre puisque les interrogateurs ne me laissent rien faire, sauf être dans cette pièce, où c’est le néant, il n’y a rien, pas de papier, pas de crayon, qu’un livre en allemand intitulé : « Naturlich », ce qui, je le déduis, veut dire naturellement. Je ne savais pas parler allemand avant d’arriver ici, mais à force de le lire j’ai deviné les mots et j’ai compris l’histoire que j’ai trouvé intéressante. De plus, je peux, maintenant, réciter par cœur le livre. C’était mon passe-temps. Mais à présent, je ne sais plus quoi faire, je vais seulement aux interrogatoires. Comme je l’ai dit, de temps en temps, souvent le matin, il vient me chercher. C’est un homme, de grande taille, des yeux bleus (comme le mur), des cheveux longs châtains et toujours des vêtements sombres. Je crois que sa couleur préférée est le marron mais je ne suis pas sûr car il ne m’a jamais adressé la parole, je pense qu’il n’en a pas le droit. Au début, j’essayais de lui parler, cependant maintenant je suis fatigué, fatigué de ne rien faire. Il me mène hors de mon dortoir, dans un long couloir obscur et silencieux. Puis nous arrivons dans une salle d’attente avec deux chaises, un tableau, et une porte, qui donne sur une petite pièce sans décoration. Il y a une table, une chaise d’un côté et deux de l’autre. Je dois m’asseoir sur la chaise solitaire et en face de moi, se tiennent les deux interrogateurs. Ils me posent des questions sans cesse mais dans une langue étrangère, que je ne comprends pas, donc je ne peux pas parler, puis ils s’énervent et appellent l’homme de grande taille pour m’emmener dans ma chambre. Après avoir traversé la salle d’attente et le couloir, me voilà de retour dans la pièce monotone. Tous les interrogatoires se passent ainsi, avant j’avais peur mais maintenant je suis habitué. Je pense que ces hommes me posent des questions sur ce que j’ai vu un soir d’été, lorsque je fermais le magasin.

 Louise Lecaros, 2d 6, Madrid, 2006

 




LA DÉCADENCE DE L'ART

 

 

  Oubliées sur la page ouverte, les paumes humides tachaient le papier. Sur les feuilles vierges, la tête glissait entre les mains avec un bruissement infime mais sinistre. Figure décadente du plaisir égaré, le poète semblait évoquer, en cette position, quelque silencieuse prière au-delà des confins du savoir humain. Mais, depuis bien longtemps et à son insu, ses ferveurs muettes n’invoquaient rien de plus qu’un sommeil douloureux, alors que, très tôt le lendemain, il devait se réveiller sous les clartés de l’aurore pour ne pas succomber à la folie.

 

            Cette figure sombre et courbée gisait au milieu d’une brume d’ombres ; la nuit parfumait la pièce. La fenêtre était ouverte et laissait pénétrer une suave brise, dont l’encens frêle et froid crispait les traits de l’aède. Sur la table, une bougie quasi-éteinte, un encrier quasi-vide, une âme quasi-morte…Seule la lueur d’un feu étranger illuminait la chambre du poète. Il y avait un fauteuil, un tableau sale, un tapis âcre, rongés par tant d’années qui s’étaient relevées dans cet endroit solitaire. Le visage de l’artiste n’avait pas été gracié ; des rides s’accumulaient sous ses yeux éteints, une barbe touffue et blanchâtre peuplait son faciès… La lassitude habitait le corps du poète, sans que ce dernier ne fisse rien pour la chasser.

 

            Il s’était endormi vers sept heures du soir, ne trouvant plus d’inspiration ni de forces pour remuer la plume. Le crépuscule avait été précoce, son esprit s’était éteint trop tôt, le prenant hors garde. En dépit de cela, son encre n’avait pas encore taché le papier, seules ses paumes l’avaient mouillé. Ce pauvre homme avait quelque difficulté à trouver ce que d’ailleurs il avait tant besoin d’apaiser. Dans ce quartier parisien, il était célèbre par sa mondanité, et non pas par son intellect, car ce n’était que chez lui que la solitude l’envahissait. Il passait de nombreuses heures dans les salons et cafés, espérant trouver chez autrui l’enthousiasme créateur qui semblait lui échapper. Puis, à l’arrivée du soir, feignant d’avoir eu quelque idée révélatrice, prête à être transcrite sur du papier, il s’endormait sur le bureau. C’était, malgré l’habitude, un fait qu’il ignorait et qu’il n’arrivait point à combattre.

 

            Cependant, quelques années auparavant, son nom figurait sur toutes les gazettes artistiques, ses poèmes étaient connus par la plupart des français ; il était maître de lucidité. Il n’habitait pas dans cet appartement pauvre et usé, mais dans un bel hôtel près du bois de Boulogne, et passait pour un galant gentilhomme, en plus de son renom. Recevant souvent chez lui les plus belles filles de la bourgeoisie, il avait même atteint le statut de Don Juan. Poète riche qu’il était, son éloquence raffinée l’aidait dans ses conquêtes ; nulle femme ne se résistait à son charme (ou plutôt, à son art de « faire la chattemite »). On pouvait le voir se promenant dans les jardins, en compagnie d’une ou de plusieurs demoiselles avec un mariage pourtant déjà consolidé, ce qui indignait les illustres conservateurs. Même si l’attitude de cet artiste s’opposait à certaines mœurs sociales, sa fatuité le soulevait plus haut que ces normes ridicules. Contraint par sa joie et son plaisir à poursuivre ces exploits merveilleux, le poète en venait trop loin. Un jour, il fut surpris dans la chapelle d’une abbaye avec une nonne en entretient fort voluptueux, ce qui finit par scandaliser la société. Il fit face à la justice, mais fut incroyablement libéré de toute charge, car la pression de ses compagnes qui l’auraient suivi jusqu’à la mort, et celle des femmes qu’il fréquentait, qui d’ailleurs ne recherchaient point de loyauté mais des aventures occasionnelles hors de leur ennuyeux hymen, devança celle des accusateurs. Alors qu’une partie de la capitale était fielleuse à son égard, une plus grande partie le supportait, le voyant comme un martyr ou comme un séducteur, suivant qui l’affirmait. Et l’artiste, envahi par une ivresse divine d’inspiration, poursuivait la rédaction de ses poèmes, maints traitant l’amour, d’autres des sujets épiques, les publiant pour le ravissement et la complicité du peuple.

 

            Un soir d’automne, alors que le poète errait gaiement dans les bois, avec sa plume et ses carnets, il y eut un orage. Comme il était un peu loin de son hôtel, il dut se réfugier sous un chêne pour ne pas mouiller les nobles vêtements qu’il portait, envers lesquels il sentait une étrange admiration. La tempête ne dura pas plus d’un quart d’heure, et lorsque le poète s’apprêtait à rentrer chez lui, le vent emporta son chapeau, qui vint se déposer sur une branche. Après avoir lancé quelques imprécations vers les cieux, l’homme entreprit l’ascension de l’arbre pour récupérer sa coiffure. Il regarda vers les feuillages pour essayer de la discerner, et, par mégarde, il se trouva face à face avec la lune et s’endormit.

 


 Ignacio Navarro, 2d 6
                                                                                    


           
            Je suis seul maintenant et tout laisse à penser qu´il en ira ainsi jusqu´à la fin.
 Toute ma famille m´a abandonné à cause de mon problème. J´avais des parents qui m´aidaient en tout quand je le leur demandais, ils m´aimaient. Mes frères aussi étaient là quand j´en avais besoin. Maintenant, je suis âgé de cinquante ans, peut être que je vivrai beaucoup plus d´années mais je n´ai personne avec qui parcourir le chemin. Je voudrais retourner en arrière pour recommencer, mais cela est impossible, alors la seule chose que je peux faire c´est raconter mon histoire pour que les gens apprennent de mes erreurs.

            Tout commença la nuit de mon vingtième anniversaire. Pour le fêter j’allai avec mes amis à un pub. Moi, je n´avais jamais goûté l´alcool, même pas le champagne que mes parents m´offraient toutes les années à Noël. Mais cette nuit-là tout changea. Je voulais m´amuser et mes camarades me convainquirent de goûter l´alcool. Ils disaient qu´il allait m´aider à être plus ouvert avec les gens et à perdre ma timidité. Au bout de trois ou quatre verres, je  vérifiai avec plaisir que mes amis avaient raison et je me dis que j´étais idiot de n´y avoir jamais goûté jusqu´à ce moment-là. Depuis cette nuit-là, je n´arrêtai pas de boire avec mes amis tous les jours que je pouvais. Mais lorsque j´avais vingt-trois ans, durant une fête je bus tellement que mes copains durent appeler l´ambulance. Lorsque j’arrivai à l´hôpital, j´étais dans un si mauvais état qu´ils durent appeler mes parents. Le lendemain j´étais à nouveau en pleine forme et  je dus affronter mes géniteurs. Lorsqu´ils arrivèrent, je vis  que ma mère pleurait et mon père avait l´air d´avoir vieilli d´une dizaine d´années d´un coup. Ils me demandèrent la raison pour laquelle j´avais commencé à boire de l´alcool, mais je ne sus répondre ou plutôt je ne voulus pas. De plus je dus leur promettre de ne plus toucher à l´alcool et ils m´ inscrirent dans des thérapies de groupe.

Deux semaines plus tard les thérapies ont commencé mais au bout d’un mois je décidai de ne plus y aller. Au lieu d´aller aux sessions, j´allais au bar du coin de la rue. Lorsque ma famille apprit mes escapades, elle m´obligea à choisir entre leur amour et leur appui et l´alcool.

 

 Clara Espinosa, 2d 6, 2006, Madrid

 


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