LA CORDILLERA DE LOS ANDES : pastiches de MICHAUX
AUTEURS: élèves de 2d 3
Quim Jubert Pyrénées
Camille Defillon Le triangle des Bermudes
Nicolas Huntington Aussi cruelle que le noir
Guillaume Barral Fés et le Moyen Atlas marocain
PYRÉNÉES
Claustrophobie dans une muraille de montagnes.
Le ciel d’abord disparaît.
Les premiers pics se dissimulent derrière de longs cols noirs.
Le noir n’est pas ami avec le ciel, avec les Pyrénées.
Tout est trop sec.
La salive manque, la fumée est noire et reste dans les murs, les trottoirs, les personnes.
Le froid brûle les mains, tout est trop sec pour être respiré, pour cracher, pour se donner le mal de parler, de marcher.
De longs visages secs, frisés, des voix antipathiques, des gens hostiles, des yeux gonflés. Les personnes.
Personnes ? Les morts des Pyrénées.
Se soufflent dans les mains, mâchent des paroles, des insultes que ne comprennent pas les gens de ville.
Les morts ne bougent pas, jamais. Assis ou debout, trop calmes, comme les pics hypocrites.
Noir ! Les gens et les pics,
Les gens des pics sont noirs, brûlés par le froid, ou la fumée des vallées qui n’en finit jamais de monter, toujours en mouvement,
Toujours devant les pics hypocrites qui approchent,
Mais ne se démasquent jamais pour les hommes de ville
Qui montent et n’arrivent jamais.
Mais les morts savent monter
Monter
Le dos rond, les mains dans les poches, aucune parole,
Montent en fumant les cigarettes bon marché,
Sans s’essouffler ni se retourner regarder jamais
les hommes de ville.
Mais personne n’a vu les pics marron accueillir jamais personne,
Seulement la fumée,
Qui transformée en ciel se perd toujours en haut
Où disent habiter les morts.
Quim Jubert 2d 3
LE TRIANGLE DES BERMUDES
Etendue d’eau à l’horizon.
Le vide.
Il n’y a plus de sud, plus de nord,
Seulement ces repères primaires au-dessus de nos têtes.
Les étoiles scintillent dans la nuit.
Le jour, le sel chatouille narine.
Pas de terre.
Le périple, fatigant, long, est assommant comme le soleil.
Le but reste désormais oublié, envolé.
La solitude s’entremêle à nos pensées.
Pourquoi avoir quitté notre si paisible continent ?
Loin de la terre, bien trop proche de la mer,
Nous voguons vers de nouveaux horizons.
L’impatience se lie à l’inquiétude.
L’amertume se lit sur les visages.
L’orientation se perd, les sens, aussi.
Virement de cap, changement certain.
Il est trop tard désormais,
La civilisation est tellement proche,
La solitude tellement lointaine.
Tout est à recommencer.
Apprendre, rester, oublier.
Apprendre, naviguer, connaître.
Rien ne nous fera chavirer.
Nous avançons sereins vers nos désirs bénins.
Tout est question de sentir l’eau fraîche ou bien tropicale glisser entre nos doigts,
Action sans escale,
Début de cette insouciante odyssée.
Camille Defillon 2d 3
Aussi cruelle que le noir
À première vue nous sommes en enfer
Il fait chaud, trop chaud.
La chaleur nous torture, la fatigue nous achève
Toujours ce même paysage à perte de vue
Paysage uniforme, qui s’étend s’étend.
Une zone du monde oubliée par Dieu.
Un paysage recouvert d’un sol cruel et aride,
Qui n’accepte ni végétation ni constructions.
Qui n’aime pas le soleil,
Qu’il ne vienne pas en Afrique
Le soleil, le maître du continent
Le si puissant roi du continent
À mi hauteur entre le sol et le ciel
Le soleil africain peut être violent, qu’ils disent,
Pour la tête, le cœur… la santé.
Et pour le corps tout entier de l’Etranger.
Robustes mammifères,
Lourdement chargés marchent les dromadaires,
Dans ce terrible désert,
Perdus dans l’Enfer.
Mais que font-ils ?
Ils marchent et marchent, longtemps et longtemps…
Rien de plus, c’est leur vie quotidienne.
Le Sahara et ses dunes
Qui dévorent les villages voisins,
Qui eux n’osent riposter contre ce diable qu’est le désert.
Des villages condamnés à jamais à être les souffre-douleur du diable
Nous arrivons enfin à notre but, lorsque le diable meurt dans l’océan.
Nicolas Huntington, 2d 3
FES ET LE MOYEN-ATLAS MAROCAIN
La première impression est terrible et proche du désespoir.
Assommante est la chaleur.
Le soleil est toujours là en haut,
Agréable, puis chaud, puis brûlant.
L’ombre, soulagement au début,
Devient frisson, puis froideur, puis glace.
Seules les habitations sont plaisantes.
Les campagnes sont vertes et fleuries,
Le blé cultivé sous les oliviers.
Montagnes et collines se succèdent.
Rafraichissant est le vent qui vient souffler dans votre cou,
Faire frétiller le blé
Et pourchasser la chaleur du soleil, vautour infatigable.
Lacs et rivières partout sont visibles,
Tels des fragments de ciel effondrés sur les plaines et les montagnes.
A la chaleur ils sont résistants.
La région n’offre aucun désert,
L’eau les remplace
L’eau qui ronge les routes,
Routes où seuls cheminent les ânes,
Les ânes chargés, terriblement chargés marchent,
Marchent les ânes, trottent, continuent, ralentissent, mais jamais ne s’arrêtent.
Nous avançons dans les ondulations et hauteurs vertes,
A dos de cheval, au pas, au trot, au galop,
La destination sans cesse se dérobe.
Une ville se découvre.
Fes et ses souks.
Les commerçants y sont nombreux,
Qui cherchent, poursuivent et traquent les visiteurs
Dans une ville-labyrinthe où seuls les natifs se repèrent.
Nous arrivons, découvrons, admirons, cherchons la sortie,
Les ruelles peu à peu nous ont perdus, nous avançons, nous avançons, nous avançons…
Guillaume Barral